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Golaud et Mélisande

Paris
Théâtre des Champs-Élysées
05/09/2017 -  et 11, 13, 15, 17 mai 2017
Claude Debussy : Pelléas et Mélisande
Patricia Petibon (Mélisande), Jean-Sébastien Bou (Pelléas), Kyle Ketelsen (Golaud), Jean Teitgen (Arkel), Sylvie Brunet-Grupposo (Geneviève), Jennifer Courcier (Yniold), Arnaud Richard (Le médecin, Le berger), Agnès Aubé, Camille Bardaud, Julie Mathiot (figurants)
Eric Ruf (mise en scène, scénographie), Christian Lacroix (costumes), Bertrand Couderc (lumières)
Chœur de Radio France, Marc Korovitch (chef de chœur), Orchestre national de France, Louis Langrée (direction musicale)


K. Ketelsen, P. Petibon (© Vincent Pontet)


Pour sa première invitation à diriger l’Orchestre national de France, Louis Langrée, qui vient d’être renouvelé jusqu’en 2022 à la tête de l’Orchestre symphonique de Cincinnati, a choisi Pelléas et Mélisande, qu’il a déjà dirigé de nombreuses fois, notamment en avril 2011 en version de concert dans ce même Théâtre des Champs-Elysées et en février 2014 à l’Opéra Comique. Mais il y associera aussi un concert symphonique, avec le rare Pelléas et Mélisande de Schoenberg, le 25 mai à l’Auditorium de Radio France.


C’est Eric Ruf, l’actuel directeur de la Comédie-Française, qui était chargé dans cette production de la mise en scène et de la scénographie. Sa vision de l’œuvre de Debussy est surtout sombre, les gris dominent, et les déplacements d’un bout à l’autre du plateau, barré en arrière par une conque foncée en demi-cercle qui n’est pas sans rappeler les décors de Richard Peduzzi, soulignent l’action. Des filets de pêche suspendus évoquent une ambiance maritime, parfois presque trop soulignée, notamment lors de la mort de Mélisande dans un lit dont les pieds baignent dans l’eau. Les lumières de Bernard Couderc participent à cette vision sombre de l’œuvre de Debussy, hormis à la fin du quatrième acte où leur utilisation en transversal est du plus bel effet. Seule la très poétique scène de la tour au cours de laquelle Mélisande apparaît au travers d’une fenêtre illuminée, ses abondants cheveux roux rejoignant progressivement Pelléas situé plus bas, apporte un peu d’espérance dans un monde enfermé sur ses silences. Les costumes de Christian Lacroix sont dominés par les robes de Mélisande, seul autre véritable petit halo de lumière.


Vocalement, la réussite était au rendez-vous. Le plus impressionnant est certainement l’américain Kyle Ketelsen, Escamillo remarqué à Orange à l’été 2015, au français parfait, à la voix immense et magnifique de projection, qui incarne un Golaud à la fois aimant et dubitatif. La Mélisande de Patricia Petibon, qui aborde ce rôle pour la seconde fois seulement, est juste et sobre, l’artiste s’étant débarrassée de ses habituelles afféteries, et la voix convient magnifiquement à la tessiture délicate et à un rôle que l’on finirait presque par croire écrit pour elle. On sait que Jean-Sébastien Bou chante partout dans le monde le rôle de Pelléas. Effet de la première ou méforme passagère, il n’a pas complètement convaincu du fait d’aigus trop serrés, surtout en fin de représentation. Dommage, car le plus souvent, la voix est belle et large et le personnage, avec toutes ses faiblesses, sont bien là. Jean Teitgen est un Arkel sombre et sonore, parfois même caverneux, qui peut plaire. La Geneviève de Sylvie Brunet-Grupposo, même pas assez sonore dans le grave, est une magnifique diseuse. L’Yniold de Jennifer Courcier est espiègle à souhait et convaincant mais n’a pas le charme d’une voix d’enfant. Arnaud Richard qui assure les deux rôles du berger et du médecin ajoute encore à la panoplie des somptueuses voix graves réunies sur ce plateau.


Dans la fosse, avec ou sans baguette selon les moments, Louis Langrée insuffle avec son talent habituel toute la poésie de cette extraordinaire musique. L’Orchestre national de France, qui possède cette musique dans ses gènes, répond merveilleusement bien à ses sollicitations. Les harpes, que l’on a rarement aussi bien entendues, sont un vrai régal. Si l’acoustique un peu sèche de la salle ne rend pas complètement justice à cette interprétation subtile et précise à la fois, on se régale le plus souvent de cette lecture transparente, délicate et raffinée. Certains des interludes orchestraux laissent à imaginer quel interprète de Wagner doit être le chef français.


Un beau Pelléas et Mélisande, orchestralement magnifique et illuminé de la présence de Patricia Petibon, magnifique Mélisande, et par le Golaud impérial de Kyte Ketelsen. Quant à la mise en scène d’Eric Ruf, elle ne gêne pas la musique, ce qui est déjà notable, et pourra séduire malgré son côté monolithique. En somme un spectacle qui, sans atteindre à l’exceptionnel, est plus que recommandable!



Gilles Lesur

 

 

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