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L’Auditorium fête John Adams Lyon Auditorium Maurice-Ravel 04/29/2017 - John Adams : John’s Book of Alleged Dances (extraits) – Shaker Loops
Béla Bartók : Contrasts, Sz. 111 (*)
Musiciens de l’Orchestre national de Lyon: Nans Moreau (clarinette), Yves Chalamon, Philip Lumbus, Jacques-Yves Rousseau (*) (violon), Lise Niqueux (alto), Stephen Eliason (violoncelle), Angélique Salines (piano)
Orchestre des Pays de Savoie, Nicolas Chalvin (direction)
N. Chalvin (© Bernard Martinez)
Construit pendant la même période que l’érection du quartier de La Part-Dieu, l’auditorium Maurice-Ravel de Lyon conserve l’allure futuriste qui fit grand bruit à son inauguration en 1975, le rapprochant par ses lignes minimalistes et son revêtement en béton brut, de l’architecture brutaliste alors en vogue. Si l’imposante salle de 2100 places a ensuite été rénovée jusqu’en 2002, c’est surtout pour en améliorer l’acoustique trop réverbérante du fait de sa forme en coquille Saint-Jacques. A l’instar des salles équivalentes construites à la même époque – l’auditorium de Radio France par exemple – cette forme audacieuse n’a malheureusement jamais fait ses preuves.
Entonnées par le quatuor formé par des membres de l’Orchestre national de Lyon, les premières notes du Livre de prétendues danses de John de John Adams parviennent à défier l’immensité de la salle réduite pour l’occasion à l’orchestre et au premier balcon – le second balcon ayant été occulté par un rideau. En étant placé à l’orchestre, les couleurs des instruments s’épanouissent admirablement, même si les interprètes laissent entrevoir certains problèmes de justesse, au niveau des accélérations pour le premier violon ou dans l’aigu pour le violoncelle. En fin de compte, cette version expurgée des passages avec bande son enregistrée déçoit quelque peu par ces difficultés techniques mal maîtrisées, alors que cette œuvre exigeante reste surprenante tant Adams s’y montre éloigné du minimalisme.
Aucun problème technique en revanche pour les trois musiciens qui succèdent au quatuor afin d’interpréter les Contrastes, une œuvre de Béla Bartók qui alterne des passages tour à tour lyriques et narquois en contraste avec des tutti plus verticaux. Si la partition réserve au piano des interventions discrètes, on admirera les parties dédiées au son ample et généreux du clarinettiste Nans Moreau, bien épaulé par son partenaire au violon, à qui on pourra juste reprocher une absence de prise de risques.
Le concert se poursuit avec l’arrivée de l’ensemble des pupitres de cordes de l’Orchestre des pays de Savoie, tous réunis pour mettre en valeur la musique de John Adams dont l’auditorium fête les 70 ans autour de plusieurs concerts en présence du compositeur. Observer les réactions de l’Américain assis parmi le public pendant les modulations irradiantes et frémissantes de Shaker Loops est un plaisir en soi, d’autant que le travail de Nicolas Chalvin à la tête de l’orchestre se montre globalement satisfaisant. Si les cordes montrent quelques faiblesses dans les accélérations, toute l’imbrication irrésistible des timbres se déploie ici en un tempo mesuré évacuant tout dramatisme, au service d’une expression tout en dentelle, faisant bien ressortir l’art subtil des transitions chez Adams.
Florent Coudeyrat
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