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Une brillante Marie Stuart Roma Teatro Costanzi 03/22/2017 - et 24, 26*, 28 mars 2017, 1er, 4 avril 2017 Gaetano Donizetti : Maria Stuarda Marina Rebeka*/Roberta Mantegna (Maria Stuarda), Carmela Remigio*/Erika Beretti (Elisabetta), Valentina Varriale (Anna Kennedy), Paolo Fanale (Roberto Conte di Leicester), Carlo Cigni (Giorgio Talbot), Alessandro Luongo (Lord Guglielmo Cecil)
Coro del Teatro dell’Opera di Roma, Roberto Gabbiani (chef de chœur), Orchestra del Teatro dell’Opera di Roma, Paolo Arrivabeni (direction musicale)
Andrea De Rosa (mise en scène), Sergio Tramonti (décors), Ursula Patzak (costumes), Pasquale Mari (lumières)
Si Lucia di Lamermoor, Don Pasquale et L’Elixir d’amour demeurent les trois titres les plus joués de Donizetti, le reste de sa production regagne cependant progressivement les faveurs des théâtres lyriques, en particulier ce que l’on appelle la «Trilogie Tudor» – Anne Boleyn, Robert Devereux et Marie Stuart. En mettant le dernier des trois à l’affiche, dans une nouvelle coproduction avec le Teatro di San Carlo commandée à Andrea De Rosa, le Teatro dell’Opera de Rome participe avec à-propos de la réévaluation de l’ouvrage. Inscrite dans les décors sobres de Sergio Tramonti, la présente conception privilégie une économie presque minimaliste concentrée autour de quelques symboles du pouvoir, à l’exemple du trône sur lequel convergent les lumières réglées par Pasquale Mari, tandis que la masse chorale se tient sur des gradins noirs, tels des spectateurs de la royale tragédie qui se noue. Plutôt que les risques d’une vaine – et pesante – reconstitution historique, la lecture ici proposée retient les archétypes essentiels, à l’instar de la froide et raide rousseur d’Elisabeth I, corroborés par les costumes dus à Ursula Patzak, pour rejoindre une décantation dramaturgique presque intemporelle.
Une telle retenue visuelle constitue un écrin appréciable pour un plateau belcantiste de choix. Dans le rôle-titre, Marina Rebeka irradie littéralement par son engagement sans faille et, surtout, une vocalité aussi maîtrisée que séduisante. La chair du timbre et la justesse du style façonnent une incarnation à laquelle ne peut résister l’oreille. L’aura qui commence déjà à se dessiner autour de la soprano lettone ne pourra que se confirmer, et elle peut désormais figurer dans le répertoire des chasseurs de gosiers. Quoique d’une évidente tenue, la rivale Elisabetta ne saurait entièrement rivaliser, même si Carmela Remigio témoigne d’un sens de la vérité psychologique qui restitue admirablement la complexité antipathique du personnage. En Roberto de Leicester, Paolo Fanale se révèle un solaire ténor léger, à l’héroïsme dénué de lourdeur. Derrière le trio de premier plan, Valentina Varriale ne démérite aucunement en Anna Kennedy, tandis que Carlo Cigni affirme un Talbot solide, et non dénué de quelque rudesse idoine, aux côtés du Lord Cecil assumé honnêtement par Alessandro Luongo. Préparé par Roberto Gabbiani, le chœur remplit pleinement son office. Quant à Paolo Arrivabeni, il ne dément point sa réputation dans un répertoire qu’il connaît de manière intime, et dont les pupitres de l’Orchestre du Teatro dell’Opera se font le relais: le romantisme donizettien respire ici dans son authenticité.
Gilles Charlassier
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