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Cyrille Dubois au royaume de la mélodie

Paris
Hôtel national des Invalides
04/28/2017 -  
Johannes Brahms : 8 Lieder und Gesänge, opus 58: 4. «O komme, holde Sommernacht», 5. «Schwermut», 2. «Während des Regens» & 7. «Vorüber» – 8 Lieder und Gesänge, opus 59: 4. «Nachtklang»
Henri Duparc : L’Invitation au voyage – Extase – La Vague et la Cloche
Franz Liszt : Lorelei – Lasst mich ruhen – In Liebeslust – O quand je dors
Ernest Chausson : Poème de l’amour et de la mer, opus 19

Duo Contraste: Cyrille Dubois (ténor), Tristan Raës (piano)


C. Dubois, T. Raës


Aux Invalides, un cycle de concerts fait écho à l’exposition « France-Allemagne (s) 1870-1871 ». C’est dans ce cadre mémoriel que s’est inscrit à la salle Turenne le récital de Cyrille Dubois, qui a marié Brahms, Duparc, Liszt et Chausson. Les concerts de l’Atelier lyrique avaient très vite montré le récitaliste qu’il était – on se souvient notamment de magnifiques Sonnets de Pétrarque de Liszt. Alors qu’il fait la carrière que l’on sait, sur les scènes françaises et internationales, remportant chaque fois les succès les plus mérités, il ne s’est pas dépris de la mélodie, où il excelle, même si son chant peut inspirer une réserve.


Les cinq Lieder de Brahms qui ouvrent la soirée témoignent aussitôt de la qualité de la voix, au timbre à la fois mâle et soyeux, de la souplesse de l’émission, de l’intelligence du texte, qu’il sertit dans le plus subtil phrasé. On regrette seulement qu’il blanchisse, détimbre même ses nuances, ce qui finit par nuire à la projection – défaut récurrent pendant tout le récital. Il pâtit surtout de l’accompagnement monochrome et fruste de Tristan Raës, peu sensible au mystère nocturne, à l’opposé de ce chant si raffiné même s’il épouse fidèlement les contours de la ligne– tous deux se sont connus au Conservatoire en 2008 et ont vite formé le Duo Contraste. Les mélodies de Duparc révèlent ensuite les affinités de Cyrille Dubois avec la mélodie française, qu’il n’affadit jamais : L’Invitation au voyage ressuscite les extases baudelairiennes, avec un aigu solaire. Le piano, ici, s’est heureusement dégrossi, a trouvé des couleurs. C’est dans cet esprit que le ténor interprétera O quand je dors de Liszt, après avoir montré dans Die Lorelei un art très juste de la dramatisation, qui ne transforme pas pour autant la mélodie en air d’opéra.


La présence, pour clore le récital, du Poème de l’amour et de la mer de Chausson pouvait surprendre : on le connaît surtout à travers la voix de mezzo. C’est oublier qu’il fut créé par un ténor, sans doute à la tessiture plus centrale : Cyrille Dubois est un ténor à l’émission haute – ce qui vient de rendre si exceptionnel, à Strasbourg, l’air du Iopas des Troyens. Si la voix devra en effet se corser encore à partir du bas médium pour pleinement relever le défi, l’interprétation, elle, rend toute justice à l’œuvre, tant par le galbe du phrasé que par l’intensité jamais démonstrative de l’expression, sans parler d’une articulation exemplaire. La fin est poignante, portée par un piano qui s’est montré, au cours de la soirée, de plus en plus éloquent. Deux bis, pour terminer : le conquérant Enfant, si j’étais roi de Liszt et l’élégiaque Soupir de Duparc.


Le site de Cyrille Dubois



Didier van Moere

 

 

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