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Le cor enchanté de Nicolas Ramez

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
04/29/2017 -  
Friedrich Cerha : Sechs Inventionen pour violon et violoncelle (extraits)
Johannes Brahms : Trio pour piano, violon et cor, opus 40
Franz Schubert : Trio pour piano, violon et violoncelle n° 2, opus 100, D. 929

Nicolas Ramez (cor), Trio Les Esprits: Adam Laloum (piano), Mi-Sa Yang (violon), Victor Julien-Laferrière (violoncelle)


A. Laloum, M.-S. Yang, N. Ramez (© Stéphane Guy)


Un des intérêts du festival de Pâques de Deauville réside dans la richesse de sa programmation. Cette année, on dénombre ainsi vingt-trois compositeurs à l’affiche. C’est évidemment exceptionnel et assez rare. Il y en a pour tous les goûts même si les amateurs de Brahms sont un peu plus gâtés que les autres. La musique contemporaine est ainsi loin d’être absente et cette année est encore plus riche que les précédentes à cet égard. En ce samedi soir, Victor Julien-Laferrière et Mi-Sa Yang, membres du Trio Les Esprits, interprètent par exemple quatre des six Inventions (2005-2006) du compositeur autrichien, toujours vivant, Friedrich Cerha (né en 1926). Il s’agit de duos pour violon et violoncelle, très libres mais ayant quelques affinités avec la musique de Berg, quoique leur titre face surtout référence à Bach. Le format instrumental n’est pas fréquent. On se remémore simplement des pages de Ravel, Martinů et surtout Kodály. Les interprètes y sont en tout état de cause exemplaires, du chant éperdu de Getragen au léger jeu de pizzicatos de la croche à 126 en passant par un Energico légèrement dansant et très viennois et un Zart où les instrumentistes murmurent dans le suraigu. On apprécie la probité des artistes en regrettant simplement la brièveté du moment (une douzaine de minutes).


On retrouve ensuite l’inusable et surexploité Johannes Brahms (1833-1897) avec son Trio pour piano, violon et cor (1865). On ne s’étonnera pas du jeu d’Adam Laloum et de Mi-Sa Yang, parfaits, mais plutôt de Nicolas Ramez au cor. Il ne nous avait guère convaincu le 16 avril mais on découvre ce soir un son d’une belle chaleur, une maîtrise technique, une précision dans les attaques et une sobriété qui, alliées notamment au toucher d’Adam Laloum – admirable au début de l’Adagio, entre mélancolie et majesté –, emportent l’adhésion, sans réserve. Dans le Scherzo, on part ainsi à la chasse au travers des épaisses et sombres forêts allemandes et les chevauchées reprennent dans le Finale, sans que l’équilibre et l’éloquence du trio ne soient jamais mis à mal.


Le célébrissime Second Trio avec piano (1827) de Franz Schubert (1797-1828) occupe ensuite l’intégralité de la seconde partie du concert. C’est un tube mais les interprètes le placent au plus haut niveau. Le rythme est soutenu. Ça frétille au début et ça tire peut-être un peu plus vers La Truite que vers Le Voyage d’hiver. Le piano d’Adam Laloum, fait de clarté et de délicatesse apporte autant de gaîté que des couleurs sombres. Dans l’Andante con moto, on ne s’appesantit pas inutilement; le chant est constamment naturel et les interprètes savent faire éclater la sensibilité à fleur de peau de ces pages admirables quand il faut, le discours étant constamment relancé, au-delà des reprises. On est impressionné par la fluidité du Scherzo, presque dansant. Enfin, on passe d’un climat presque sinistre à une sorte de joie naïve et réciproquement dans un Allegro final où les duos du piano et du violoncelle sont de toute beauté. A l’évidence, le Trio Les Esprits, cohérent de bout en bout, domine son art. La salle, bien remplie, sait d’ailleurs le reconnaître au travers de ses applaudissements nourris.



Stéphane Guy

 

 

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