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Un pianiste et un chef

Paris
Philharmonie
04/26/2017 -  et 27* avril 2017
Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 2, opus 83
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Le Lac des cygnes, opus 20 (extraits)

Arcadi Volodos (piano)
Orchestre de Paris, James Gaffigan (direction)


J. Gaffigan (© Mat Hennek)


Il y a deux ans, Arcadi Volodos avait, avec l’Orchestre de Paris, donné un superbe Troisième Concerto de Beethoven. Le Second de Brahms vient de nous hisser plus haut encore. On sait la difficulté de l’œuvre, qu’il faut assumer techniquement et penser dans sa forme. Les moyens du pianiste russe sont inouïs, avec des doigts d’acier, une sonorité orchestrale, une puissance sans dureté, un inépuisable éventail de nuances toujours timbrées. Dès le premier mouvement, l’interprétation est très construite, alors que le pianiste semble y déployer une liberté rhapsodique, comme s’il inventait la musique à chaque instant – ce qui est d’ailleurs souvent le propre du piano brahmsien. L’art des couleurs fait de l’Andante un rêve éveillé, où le temps se suspend et dont la fin nous conduit presque au bord du silence sans que le son perde rien de sa chair. C’est magnifique, de bout en bout, mais si le pianiste reste toujours à l’écoute de l’orchestre, la direction diligente de James Gaffigan n’est pas à sa hauteur – un immense moment de piano avant tout. Deux bis ensuite, où l’imagination de Volodos déploie tous ses sortilèges : le Prélude des Trois morceaux opus 2 de Scriabine, dont les quelques mesures créent un monde, le Menuet en ut dièse mineur de Schubert, d’une lenteur hypnotique.


Le chef, bien connu maintenant après ses concerts avec le National ou l’Orchestre de Paris, donne ensuite sa mesure dans de copieux extraits du Lac des cygnes, qu’on donne malheureusement peu au concert, comme les autres ballets de Tchaïkovski, alors que certaines pages sont des chefs-d’œuvre. On entend ici un James Gaffigan brillantissime, trop peut-être, dont l’approche très narrative – il dirige d’ailleurs en danseur ! – va au-delà de la superposition des numéros. En parfaite complicité avec un Orchestre de Paris éblouissant : bois, harpe, le violon et violoncelle solos... Une fête orchestrale, où le son n’est jamais dissocié de la couleur, où la maîtrise de la masse, dans la « Danse des coupes » par exemple, n’exclut pas la finesse du trait dans certaines parties, telle la facétieuse « Danse des petits cygnes ». Après le piano, c’est l’orchestre qui est au sommet.



Didier van Moere

 

 

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