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La pie n’a pas volé son succès

Milano
Teatro alla Scala
04/12/2017 -  et 15, 18, 22*, 26, 29 avril, 2, 5, 7 mai 2017
Gioachino Rossini : La gazza ladra
Rosa Feola (Ninetta), Serena Malfi (Pippo), Teresa Iervolino (Lucia), Paolo Bordogna (Fabrizio Vingradito), Edgardo Rocha (Giannetto), Alex Esposito (Fernando Villabella), Michele Pertusi (Gottardo), Giovanni Romeo (Ernesto), Claudio Levantino (Giorgio, Il Pretore), Matteo Mezzaro (Antonio), Matteo Macchioni (Isacco)
Coro del Teatro alla Scala, Bruno Casoni (préparation), Orchestra del Teatro alla Scala, Riccardo Chailly (direction musicale)
Gabriele Salvatores (mise en scène), Gian Maurizio Fercioni (décors et costumes), Marco Filibeck (lumières), Emanuela Tagliavia (chorégraphie), Compagnia Marionettistica Carlo Colla e Figli (marionnettes)


(© Teatro alla Scala/Marco Brescia & Rudy Amisano)


La Pie voleuse a été créée à la Scala en 1817. La première mondiale a connu un triomphe, qui a débouché sur 8 nouvelles productions et 159 représentations à Milan jusqu’en 1841, avant que l’ouvrage ne tombe dans l’oubli. 200 ans après sa création, l’illustre théâtre a voulu donner une nouvelle chance à cette œuvre dont on ne connaît plus guère aujourd’hui que l’Ouverture, l’une des plus célèbres de Rossini, avec son double roulement de tambour. Ni tragédie, ni comédie, La Pie voleuse est un opéra « semiserio », qui tient un peu des deux, et où le côté tragique est accentué au détriment du comique. Son long purgatoire est très certainement dû à sa longueur (plus de trois heures) ainsi qu’au nombre élevé de rôles vocaux. Basée sur un fait réel, l’intrigue raconte les malheurs de la servante Ninetta, qui est injustement accusée d’avoir volé une cuillère en argent (l’auteur du larcin est en réalité une pie) et qui est condamnée à mort. Le nid de l’oiseau et son butin sont finalement découverts, ce qui sauve Ninetta in extremis. On connaît le Rossini ardent défenseur de la beauté musicale pure, et on entrevoit ici une autre facette de la personnalité du compositeur, à l’engagement politique et civil marqué.


Spécialiste de Rossini s’il en est, Riccardo Chailly offre une lecture musicale énergique et dynamique, aux « tempi » particulièrement lestes, mais aussi précise et bien coordonnée. Cependant, en raison de l’effectif orchestral imposant, nécessaire pour une salle aussi grande, l’exécution manque parfois de légèreté, voire semble martiale à certains moments, ce qui explique sûrement pourquoi le chef a été hué le soir de la première. Le cinéaste Gabriele Salvatores (Oscar du meilleur film étranger en 1991 pour Mediterraneo) a conçu une production d’une grande lisibilité, avec des marionnettes qui anticipent l’action. Il a en outre fait appel à une acrobate, Francesca Alberti, qui virevolte au-dessus du plateau accrochée à une corde, pour représenter la pie, mais aussi pour introduire les personnages sur scène, ce qui en fait le pivot de la soirée. Un des moments forts du spectacle est la descente des cintres d’une cage géante qui prend au piège Ninetta. Pour le reste, la production est de facture traditionnelle, avec notamment de beaux costumes figurant le monde rural du XIXe siècle.


Sans être exceptionnelle, la distribution est néanmoins de qualité et parfaitement homogène, mêlant chanteurs confirmés et espoirs du chant rossinien. Les clés de fa tirent leur épingle du jeu, avec un Alex Esposito à la voix bien timbrée et bien projetée pour incarner le père de Ninetta, lui aussi victime de la justice expéditive de l’époque, alors que Michele Pertusi campe un méchant cynique et retors à souhait. Timbre clair et aérien, Edgardo Rocha est un amoureux aux aigus ardents et vaillants. Rosa Feola interprète une Ninetta émouvante, mais aussi combative et déterminée, qui se joue sans peine des vocalises du rôle. Serena Malfi fait montre de graves corsés en Pippo, alors que Teresa Iervolino est une Lucia colérique et acariâtre. Les rôles secondaires méritent tous d’être relevés, de même que le chœur, particulièrement sollicité. La Scala a rendu pleinement justice à La Gazza ladra.



Claudio Poloni

 

 

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