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Le Chostakovitch décanté de Jukka-Pekka Saraste

Paris
Philharmonie
04/19/2017 -  et 20 avril 2017
Frédéric Chopin : Concerto pour piano n° 2, opus 21
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 8, opus 65

Jan Lisiecki (piano)
Orchestre de Paris, Jukka-Pekka Saraste (direction)


J. Lisiecki (© Mathias Bothor)


Après Rafal Blechacz, Jan Lisiecki : à la Philharmonie, c’est le printemps des jeunes pianistes d’origine polonaise. Mais si le premier a atteint la trentaine, le second n’a que vingt-deux ans. Manque-t-il encore de maturité, même pour le Second Concerto de Chopin – en réalité le premier ? Il y suscite une impression mitigée. Le début séduit par l’élan rhapsodique, la fermeté et la profondeur du toucher, loin de toute dureté, comme par l’assurance des doigts : cette juvénilité à la fois volubile et conquérante colle bien à l’esprit de l’œuvre. En même temps, elle n’a pas cette légèreté qu’on lui associe souvent, on pense presque à Schumann – à cause aussi de l’accompagnement généreux de Jukka-Pekka Saraste. Mais la poésie éthérée du jeu, dans le Larghetto confirme une tendance observée lors de la reprise : la sonorité semble se lisser, voire se décharner un peu, comme si le pianiste jouait du bout des doigts, comme si la nuance éteignait la couleur. Selon les moments, l’Allegro vivace laisse ainsi un sentiment partagé, que ne dissipe pas vraiment le Nocturne en ut mineur joué en bis.


C’est donc la Huitième Symphonie de Chostakovitch qui restera en mémoire. Un Requiem – la Septième aussi – disait le musicien, rappelant en 1943 la pesanteur oppressante du stalinisme autant que les horreurs de la guerre. Mais la direction, loin d’en accentuer la noirceur grinçante et désespérée, la décante, y sublime, y épure la douleur et l’angoisse : une vision presque apollinienne en somme, d’une grande beauté plastique – magnifique Orchestre de Paris, dans tous ses pupitres, aux cordes homogènes, avec d’anthologiques solos des bois. Rien d’affadi pour autant : la motorique furieuse de la Toccata de l’Allegro non troppo semble irrésistible. On ne s’étonnera pas que le Chostakovitch du Finlandais, au fond, lorgne vers Sibelius, qui exige la même maîtrise de la forme et des transitions : Saraste avance en architecte, plus attaché à la durée qu’à l’instant, notamment dans le Final, à la structure plus relâchée. On est loin de cette sécheresse qu’on a pu lui reprocher jadis : l’Adagio initial, la Passacaille du Largo – superbe chant des cordes graves – sont empreints d’un grand et profond lyrisme. Ce n’est plus une symphonie de la panique ou de l’effroi, mais du lent retour à la vie.



Didier van Moere

 

 

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