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Hommage à Ligeti

Normandie
Deauville (Salle Elie de Brignac)
04/16/2017 -  
György Ligeti : Etude polyphonique pour piano à quatre mains – Szonatina pour piano à quatre mains – Quatuor à cordes n° 1 «Métamorphoses nocturnes» – Trio pour violon, cor et piano (#) – Etudes pour piano: «Cordes à vide», «Automne à Varsovie», «Der Zauberlehrling» & «Vertige» (*) – Six bagatelles pour quintette à vent
Quintette Ouranos: Mathilde Calderini (flûte), Philibert Perrine (hautbois), Amaury Viduvier (clarinette), Nicolas Ramez (cor), Rafaël Angster (basson) – Quatuor Hermès: Omer Bouchez, Elise Liu (violon), Lou Chang (alto), Anthony Kondo (violoncelle) – David Petrlik (violon), Jonas Vitaud (#), Guillaume Vincent (*) (piano)


Le Quintette Ouranos (© Stéphane Guy)


Le deuxième concert du vingt et unième festival de Pâques de Deauville était intégralement consacré à la musique contemporaine et à György Ligeti (1923-2006). Le directeur artistique du festival répond depuis plusieurs années (voir ici) de trois façons à la lancinante question du traitement de la musique contemporaine au concert: de courtes pièces disséminées dans la programmation, un concert d’après-midi exclusif et sa gratuité. L’effort est notable et, cette année, il l’est plus encore puisque ce sont deux concerts qui illustrent la musique de notre temps. On ne peut que s’en féliciter.


Le concert du jour, donné il convient de le relever devant un public à peine moins nombreux que le soir, était présenté par Karol Beffa, auteur d’une monumentale monographie consacrée à Ligeti (chez Fayard). On évoqua sa formation, ses styles Clocks and Clouds pour reprendre l’expression de Karl Popper, ou l’influence de Béla Bartók et Zoltán Kodály mais curieusement pas Conlon Nancarrow, un précurseur dont il faudra quand même un jour reconnaître l’originalité. L’exposé était indéniablement brillant, parfois technique, sans excès, et aussi précis que pédagogique. Mais extraordinairement long: guère moins de quarante minutes pour un concert guère plus long. Et l’on peut s’interroger: faut-il vraiment que la musique contemporaine fasse l’objet de glose à ce point? La démarche, louable, ne risque-elle pas de manquer son but? D’être même contre-productive? On peut le craindre, surtout lorsqu’il s’agit d’un compositeur aussi abordable, ludique, que György Ligeti, sachant que le livret du programme, fort bien fait, indiquait l’essentiel pour ceux qui souhaitaient en savoir plus.


Mais le concert fut passionnant, de bout en bout; c’est l’essentiel. Jonas Vitaud et Guillaume Vincent s’attaquèrent tout d’abord à l’Etude polyphonique pour piano à quatre mains (1950) avec toute la distance et la précision qui conviennent. Les deux poursuivirent avec la pétillante Szonatina (1950) et ses rythmes syncopés n’ayant à l’évidence nullement besoin d’un médiateur. Le Quatuor Hermès prit le relai pour les très bartokiennes Métamorphoses nocturnes (1953-1954). Leur interprétation, sans prise de risque excessive, fut exemplaire si ce n’est quelques coups d’archets parfois écrasés. L’Andante tranquillo, habité, fut vraiment superbe. Un jeu intense allié à une belle maîtrise technique acheva d’emporter l’adhésion dans cette œuvre incroyablement difficile où l’humour n’est jamais loin (Tempo di valse) et où l’hédonisme de Ligeti doit impérativement rencontrer le plaisir de jouer des interprètes.


Dans le Trio pour violon, cor et piano (1982), écrit en hommage à Brahms, on retrouvait Jonas Vitaud, en compagnie de Nicolas Ramez au cor et à David Petrlik au violon. Même si les attaques du cor laissaient parfois à désirer, les interprètes ne passèrent pas à côté du lyrisme incroyable de ces pages, voire de leur tendresse (Lamento) et l’autorité naturelle de Jonas Vitaud ne manqua pas d’impressionner dans un Vivacissimo pas très éloigné au fond de John Adams.


Guillaume Vincent entama ensuite quatre des Études pour piano. On lui fut gré d’être constamment précis et de ne frapper à aucun moment le clavier, ce que la musique de Ligeti ne supporte pas.


Enfin, l’Ensemble Ouranos acheva ce panorama copieux et assez représentatif des diverses facettes de la musique de chambre de Ligeti par les Six bagatelles pour quintette à vent (1953) tirées des onze pièces du cycle pour piano Musica ricercata. Après un Allegro con spirito nerveux et pétillant, on regretta la fin de l’Allegro grazioso marqué par des interventions de toute beauté de la flûte de Mathilde Calderini, une artiste au sens musical évident.


Si une voisine finit par partir rapidement après avoir consommé tranquillement son Babybel, un autre fit part de sa surprise, tout heureux d’avoir découvert Ligeti. Cela devrait réconforter les artistes de l’après-midi, tous magnifiques, et le directeur artistique du festival. Il est vrai qu’on ne s’ennuie jamais avec Ligeti.



Stéphane Guy

 

 

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