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Apparente simplicité

Bruxelles
Théâtre National
04/06/2017 -  et 7, 8, 9* avril 2017
Toshio Hosokawa: Matsukaze
Barbara Hannigan (Matsukaze), Charlotte Hellekant (Murasame), Frode Olsen (Mönch), Kai-Uwe Fahnert (Fischer)
Sasha Waltz & Guests, Vocalconsort Berlin, Ensemble de musique de chambre de la Monnaie, Bassem Hakiki (direction)
Sasha Waltz (chorégraphie, mise en scène), Pia Maier Schriever, Chiharu Shiota (décors), Christine Birkle (costumes), Martin Hauk (lumières)


(© Bernd Uhlig)


La Monnaie reprend Matsukaze de Toshio Hosokowa (né en 1955) au Théâtre National. Lors de la création, il y a six ans, nous espérions voir cet opéra réuni avec Hanjo dans un seul spectacle, ce qui aurait permis de confronter le travail de deux chorégraphes de renom, Sasha Waltz et Anne Teresa De Keersmaeker. Ce couplage implique sans doute de mobiliser des moyens trop considérables et des chanteurs différents pour chaque ouvrage. En outre, trop peu de personnes se déplaceraient pour entendre le même soir deux opéras contemporains d’un compositeur certes important mais bénéficiant d’une popularité restreinte. Pourtant, l’expérience mériterait d’être tentée.


Plusieurs années après, le charme continue à agir, cette production demeurant d’un raffinement et d’une beauté éblouissants, d’une grande richesse conceptuelle et symbolique, aussi, donc très cérébrale, ce qui peut laisser certains sceptiques ou interrogatifs. Mais il est impossible d’ignorer la force syncrétique et la fluidité de la chorégraphie, ainsi que la manière dont les mouvements et les gestes épousent cette musique à la fois énergique et spirituelle. Une façon idéale de l’apprécier à sa juste valeur consiste à s’imprégner de ce spectacle abstrait en totale ouverture d’esprit, puis de se nourrir du dialogue, dans le programme, entre le dramaturge, la chorégraphe et le compositeur pour mesurer toute la profondeur de la réflexion présidant à ce projet.


Relevant de la philosophie shintoïste et inspiré du nô, le spectacle brasse beaucoup de thèmes tout en gardant une apparente simplicité : l’amour, le péché, l’harmonie avec la nature, la beauté et le caractère éphémère de la vie, la purification de l’âme, l’attachement, le détachement. Et tout cela en une heure et vingt minutes. La valeur intrinsèque de la composition, conçue pour quatre solistes, une poignée de choristes et un orchestre de chambre, semble peu probable sans la chorégraphie. Un lien consubstantiel lie véritablement cette œuvre et cette mise en scène, ce qui constitue la force et la faiblesse de cet opéra.


La distribution reste identique à celle de la création : les voix de Barbara Hannigan et Charlotte Hellekant, qui interprètent deux sœurs éprises du même homme, laissaient une plus grande impression d’harmonie et de suavité dans nos souvenirs. L’Ensemble de musique chambre de la Monnaie épate encore par sa précision et sa sonorité, mais un autre le chef le dirige cette fois : remplaçant Pablo Heras-Casado, le jeune Bassem Hakiki montre qu’il évolue ici dans son élément. Quant aux formidables danseurs de la compagnie de Sasha Waltz, ils ne méritent que des éloges.



Sébastien Foucart

 

 

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