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Un Werther rêveur et passionné

Zurich
Opernhaus
04/02/2017 -  et 5, 8*, 11, 17, 20, 23, 27, 30 avril 2017
Jules Massenet : Werther
Juan Diego Flórez (Werther), Anna Stéphany (Charlotte), Mélissa Petit (Sophie), Audun Iversen (Albert), Cheyne Davidson (Le Bailli), Martin Zysset (Schmidt), Yuriy Tsiple (Johann), Stanislav Vorobyov (Brühlmann), Soyoung Lee (Kätchen)
Chor der Oper Zürich, Kinderchor der Oper Zürich, SoprAlti, Ernst Raffelsberger (préparation), Philharmonia Zürich, Cornelius Meister (direction musicale)
Tatjana Gürbaca (mise en scène), Klaus Grünberg (décors et lumières), Anne Kuhn (assistante décors), Silke Willrett (costumes), Carl-Christian Andresen (assistant costumes), Claus Spahn (dramaturgie)


(© Herwig Prammer)


Juan Diego Flórez vient de prouver à Zurich qu’il faut désormais compter avec lui en Werther. Après une prise de rôle à Paris en version de concert il y a une année puis une série de représentations à Bologne fin 2016, le célèbre ténor péruvien confirme son adéquation au personnage. Tout en restant fidèle au belcanto, son répertoire de prédilection, le chanteur a décidé de s’aventurer dans les rôles romantiques, notamment français. Il devrait ainsi aborder Hoffmann et Des Grieux ces prochaines années. Avec sa voix claire et légère, il n’est certes pas un Werther torturé et tourmenté, mais plutôt un rêveur, un amoureux éperdu qui va tout essayer pour gagner Charlotte. Avec beaucoup d’intelligence, il compense les couleurs sombres qui manquent à son timbre par une technique exemplaire, un phrasé délicat et un sens infini des nuances, qui lui permettent d’interpréter un poète ardent et passionné, dont le « Pourquoi me réveiller » est accueilli par une ovation, malgré quelques passages un peu forcés. Par ailleurs, sa diction française est parfaitement limpide.


Grâce à une distribution vocale de haut vol, qui se hisse au même niveau que le ténor, la soirée ne se résume pas à un « show Flórez ». Anna Stéphany campe une Charlotte intense, dont la voix ample et généreuse s’épanouit au fur et à mesure que la soirée avance. Mélissa Petit est une Sophie volontaire et émouvante, au timbre de cristal, alors qu’Audun Iversen prête sa voix à un Albert autoritaire, qui devient violent lorsqu’il se rend compte qu’il risque de perdre Charlotte. Dans la fosse, malgré des tutti qui se révèlent écrasants pour la salle intimiste de l’Opernhaus, Cornelius Meister propose une lecture fine et délicate de la partition de Massenet, avec des contrastes saisissants et une large palette de couleurs et de nuances. Les solos des bois sont magnifiques.


La metteur en scène Tatjana Gürbaca situe l’action de ce Werther dans une pièce impersonnelle et fonctionnelle en bois clair, lieu clos, étriqué et étouffant. L’univers de Charlotte est celui de la petite bourgeoisie des années 1950, avec force détails pour évoquer un quotidien des plus banals – comme lorsque Sophie coupe des morceaux de pain qu’elle distribue ensuite aux enfants – mais qui vire très vite au ridicule, par exemple lorsque les personnages trébuchent sur des cordes à sauter, des ballons et des rubans. Werther entre dans cet univers non par une porte, mais par une fenêtre, ce qui accentue la singularité du personnage. A la fin de l’ouvrage, lorsque le héros meurt, les portes et les fenêtres s’ouvrent pour laisser apparaître l’immensité d’un ciel azur, devant un couple âgé symbolisant tout ce que Werther et Charlotte ne pourront pas atteindre. Une mise en scène avec des idées fortes, certes, mais qui semble bien kitsch à de nombreux moments, avec des spectateurs ayant de la peine à étouffer leurs fous rires. On l’aura compris, ce Werther restera dans les annales essentiellement pour sa partie musicale.



Claudio Poloni

 

 

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