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Jérémie Rhorer face à l’Orchestre de Paris Paris Philharmonie 04/05/2017 - et 6* avril 2017 Paul Dukas : Polyeucte
Robert Schumann : Concerto pour piano, opus 54
Felix Mendelssohn : Symphonie n° 4 «Italienne», opus 90 Francesco Piemontesi (piano)
Orchestre de Paris, Jérémie Rhorer (direction)
J. Rhorer (© Yannick Coupannec)
On connaît ses qualités et ses défauts. Son concert avec l’Orchestre de Paris n’en était pas moins attendu : il le dirigeait pour la première fois, dans des œuvres auxquelles on ne l’associe pas forcément, du moins en France. Double défi, qu’il a relevé, du moins en partie.
Le concert commence bien, avec une très réussie Ouverture de Polyeucte de Dukas, tenue et construite, dont il n’exagère pas le wagnérisme tout en tendant les ressorts de ce qui, en quinze minutes d’un poème symphonique ne disant pas son nom, résume le drame cornélien – Dukas s’en tint à cette Ouverture. Belles couleurs aussi, entre l’ombre et la lumière. On pourrait seulement reprocher à cette direction de se corseter ici ou là, comme si elle hésitait à se laisser à la musique – l’Adagio tranquillo final, du coup, peine un peu à s’élever vers le ciel.
Le Concerto pour piano de Schumann, en revanche, laisse perplexe. La tension, pour le coup, connaît ici des relâchements, alors que certains passages montrent un très intéressant travail sur l’articulation et la couleur. Mais cela ne tient pas moins au soliste, également invité de l’orchestre pour la première fois : doigts impeccables, jeu précis, Francesco Piemontesi semble souvent retenir l’orchestre qui voudrait l’entraîner plus loin, la rencontre n’ayant vraiment lieu qu’à la fin. C’est qu’il peut avoir tendance à confondre la pose et l’inspiration, la nuance et la couleur aussi : assez monochrome, la sonorité devient grise quand il faut jouer piano. Défauts que l’Adagio de la Sonate K. 332 de Mozart mettent encore plus à nu.
L’effervescence de l’Allegro vivace de la Symphonie italienne fait de l’effet, mais pas illusion. Le chef confond le tempo et la pulsation, a une lecture trop verticale qui néglige la polyphonie. L’Andante con moto révèle heureusement des coloris subtils et un art certain de l’évocation, à travers une belle conduite de la phrase, qu’on retrouve dans le Trio d’un Scherzo qui ne s’appesantit pas. Le Finale, certes mieux conduit, pâtit en revanche des mêmes travers que le premier mouvement.
On a connu l’orchestre meilleur, notamment les cordes. Cela rappelle un concert avec Lionel Bringuier. A croire que la présence d’un encore jeune chef français ne stimule guère les musiciens... Un chef qui, en l’occurrence, quelles que soient les réserves qu’il a pu inspirer, a fait oublier le ratage du Requiem de Verdi avec le National.
Didier van Moere
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