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Gourmandise satirique

Nancy
Opéra
03/12/2017 -  et 14*, 16, 19, 21 mars 2017
Nikolaï Rimski-Korsakov : Le Coq d’or
Vladimir Samsonov (Tsar Dodon), Roman Shulakov (Tsarévitch Gvidon), Jaroslaw Kitala (Tsarévitch Afron), Mischa Schelomianski (Général Polkan), Marina Pinchuk (Amelfa), Yaroslav Abaimov (Astrologue), Svetlana Moskalenko (La Reine de Chemakha), Inna Jeskova (Le Coq d’or), Ronald Lyndaker, Christophe Sagnier (Seigneurs), Taesong Lee (Homme du peuple), Diane Vaicle (Le coq d’or [rôle dansé]), Patrick Maillard (marionnettiste du perroquet), Michel Baudon, Florent Chartier, Laurent Diwo, Axel Goepfer, Romain Henry, Tony Marmot, Joris Perez, Olivier Tonon (figurants)
Chœur de l’Opéra national de Nancy, Merion Powell (chef de chœur), Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, Rani Calderon (direction musicale)
Laurent Pelly (mise en scène et costumes), Barbara de Limburg (décors), Joël Adam (lumières), Lionel Hoche (chorégraphie)


(© Opéra national de Lorraine)


Coproduit avec Bruxelles et Madrid, Le Coq d’or de Rimski-Korsakov présenté par l’Opéra national de Lorraine témoigne de l’attention porté par Laurent Spielmann à des chefs-d’œuvre qui mériteraient d’être inscrits avec davantage de constance au répertoire des théâtres lyriques, participant ainsi efficacement au renouvellement de l’offre opératique. Confiée à Laurent Pelly, lequel signe également les costumes, la mise en scène ne néglige pas certains invariants de l’artiste français, entre autres dans la dimension comique et sarcastique, assumant ainsi le ton irrévérencieux du conte – qui lui a valu une opposition de la censure et une création posthume, en 1909, un an après la disparition du compositeur.


Sur la boue noire et mousseuse du plateau dessiné par Barbara de Limburg, et qui va jusqu’à baver sur les blancs vêtements des tsarévitchs et de la foule, s’agitent des personnages nourrissant une parenté évidente avec les ensembles chorégraphiques de Platée par exemple – même ridicule androgyne poudré aux cheveux figés en brosse. Le grand lit d’où gouverne Dodon résume son indolence imbécile, tandis que l’apparition de l’Astrologue, au Prologue et à l’Epilogue, à la manière d’un visage suspendu depuis les cintres par des fils et se glissant malicieusement dans le rideau, participe d’une délicieuse connivence aussi onirique qu’ironique. Les contraintes techniques ne permettant pas un filage des actes, un intermède est joué entre les II et III, Le Lac enchanté de Liadov, exact contemporain de l’écriture de l’opus de Rimski-Korsakov, dont l’éther poétique ne contredit aucunement le développement de l’ouvrage. On mentionnera encore les lumières de Joël Adam, complice de longue date de Laurent Pelly, ainsi que les mouvements chorégraphiques de Lionel Hoche, qui parachèvent l’horlogerie dramaturgique du spectacle.


En Tsar Dodon, Vladimir Samsonov affirme une générosité évidente qui accentue avec un à-propos savoureux la bêtise du souverain. La Reine de Chemakha incarnée par Svetlana Moskalenko déploie une irrésistible séduction, qui ne se contente pas de la virtuosité, et sait imprimer à sa vocalité une piquante sensualité. Yaroslav Abaimov ne s’attarde pas sur quelque joliesse de timbre qui serait ici hors sujet, et se joue admirablement de la tessiture acrobatique de l’Astrologue – son dernier acte ne craint pas les aigus pyrotechniques, où il se révèle éblouissant. Doublé par un alter ego dansé version gallinacé aux ergots dorés par Diane Vaicle – qui répond peut-être au perroquet marionnette animé par Patrick Maillard – Inna Jeskova fait résonner le babil mobile du Coq depuis les coulisses, sans l’appoint de quelque amplification acoustique, dans un souci d’équilibre général, au risque cependant d’une relative discrétion et d’un mordant perfectible. Les deux tsarévitchs, Gvidon et Afron, respectivement dévolus à Roman Shulakov et Jaroslaw Kitala, ne manquent point du caractère attendu, et le Général Polkan de Mischa Schelomianski n’offrira aucun démenti à la justesse d’une distribution où l’on évoquera par ailleurs l’Amelfa de Marina Pinchuk, ainsi que les interventions des deux seigneurs par Ronald Lyndaker et Christophe Sagnier, et celle de Taesong Lee en homme du peuple. On saluera les chœurs vaillamment préparés par Merion Powell, et surtout la direction musicale de Rani Calderon. A la tête de son Orchestre symphonique et lyrique de Nancy, le chef israélien fait rayonner la richesse de couleurs de la partition, encourageant les pupitres à souligner les soli et associations instrumentales expressives.



Gilles Charlassier

 

 

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