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A la mémoire de Dinu Lipatti

Geneva
Victoria Hall
03/22/2017 -  et 23 mars 2017 (Lausanne)
Robert Schumann: Concerto pour piano, opus 54
Johannes Brahms: Symphonie n° 4, opus 98

Nelson Freire (Piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Jonathan Nott (direction)


N. Freire (© Mat Hennek)


Les musiciens ont donné ce concert pour la Fondation Dubois-Ferrière Dinu Lipatti: son président, Patrick Odier, et le professeur Pierre-Yves Dietrich ont rappelé l’importance de la maladie et les avancées réalisées depuis la disparition de l’illustre pianiste roumain, Genevois d’adoption et de cœur.


Le Concerto pour piano de Robert Schumann est une œuvre centrale de répertoire de Lipatti. Il en a laissé deux témoignages, un réalisé à Londres avec le Philharmonia sous la direction de Herbert von Karajan, pour lequel il avait toujours gardé certaines réserves, et un autre en concert avec Ernest Ansermet avec ce même orchestre dans la même salle. Les mélomanes se doivent de connaitre ces deux documents passionnants et inégalés dont l’écoute révèle que le chef qui cherchait un son plus puissant, devrait-on dire germanique, n’est pas celui que l’on croit...


C’est toujours un grand plaisir de retrouver Nelson Freire, médaillé Dinu Lipatti en 1964. Ce dernier aurait admiré son toucher et la qualité de son phrasé. Sa lecture de l’intermezzo central est directe et sans mièvrerie mais l’Allegro affettuoso initial souffre d’un trop plein de retenue. Schumann a bien indiqué de nombreux sforzandos dans sa partition, qui sont ici un peu écrêtés. C’est une option esthétique qui surprend d’autant que l’Allegro vivace final est plein de vie et de sève sans que disparaisse l’intériorité du jeu du pianiste brésilien. Jonathan Nott et ses musiciens l’accompagnent avec attention même si certains traits des contrebasses pourraient gagner à être un peu plus sculptés. Très applaudi par son public, Nelson Freire donne en bis l’Intermezzo opus 117 n° 2 de Johannes Brahms, plein de lumière et d’éloquence.


Si ce Concerto pour piano a été régulièrement aux programmes de l’OSR, ce n’est pas le cas de la Quatrième Symphonie de Brahms, dont la dernière exécution remonte à plus de sept ans. Ceci n’est pas sans conséquence pour un orchestre dont la culture et les réflexes communs sont associés à la musique française. Jonathan Nott, qui a dirigé l’Orchestre symphonique de Bamberg pendant plusieurs années, a maintenant devant lui un ensemble très à son aise dans Debussy et Ravel mais qui n’a simplement pas la même familiarité avec un Brahms et les compositeurs germaniques (et rappelons que ceux-ci avaient été à la peine dans les Variations sur un thème de Haydn en début d’année.


Ceci étant dit, il y a de nombreux moments dans cette lecture qui confirment le potentiel des musiciens et de leur chef. La douceur du phrasé de l’Andante moderato montre la qualité des bois de l’orchestre et ce à un moment où ils sont en train de tester plusieurs candidats pour trouver leur hautbois solo. Si le final avance avec force, il faut surtout souligner la longueur de la ligne de la fin de l’Allegro giocoso pris en un seul souffle. C’est le signe des grands chefs que de prendre conscience de l’architecture des œuvres et de savoir le communiquer aux musiciens.


Il y a cependant des passages plus problématiques. Dans cette symphonie, Brahms fait souvent met souvent à contribution les premiers violons. Lorsque les parties deviennent difficiles, les instrumentistes sont trop souvent à la peine. La justesse et l’homogénéité dérivent et le son perd de sa richesse et devient vite aigre. C’est un vrai problème structurel qui ne va se régler que sur la durée mais qui devrait être une priorité artistique majeure du nouveau directeur musical de l’OSR.


Le programme de la saison prochaine nous permettra de retrouver chef et orchestre dans des œuvres de Schoenberg et de Schubert. En attendant, les mélomanes qui veulent célébrer la mémoire de Dinu Lipatti peuvent faire vivre sa mémoire et faire un don à sa fondation.



Antoine Lévy-Leboyer

 

 

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