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Un spectacle coup de poing

Geneva
Opéra des Nations
03/02/2017 -  et 4, 6, 8, 10, 12, 14 mars 2017
Alban Berg : Wozzeck, opus 7
Mark Stone (Wozzeck), Jennifer Larmore (Marie), Charles Workman (Le Tambour-Major), Tansel Akzeybek (Andres), Stephan Rügamer (Le Capitaine), Tom Fox (Le Médecin), Alexander Milev (Premier apprenti), Erlend Tvinnereim (Second apprenti), Dana Beth Miller (Margret), Fabrice Farina (Le Fou), Gaétan Haro (L’enfant de Marie), Omar Garrido (Un soldat), Rémi Garin (Un jeune homme)
Chœur du Grand Théâtre, Alan Woodbridge (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Stefan Blunier (direction musicale)
David McVicar (mise en scène), Daniel Ellis (reprise de la mise en scène), Vicki Mortimer (décors et costumes), Helen Johnson (assistante costumes), Andrew George (chorégraphie), Paule Constable (lumières), Christopher Maravich (reprise des lumières)


(© GTG / Carole Parodi)


Une production bouleversante, forte et prenante. Le Wozzeck d’Alban Berg actuellement à l’affiche de l’Opéra des Nations de Genève est un spectacle coup de poing. Sa simplicité et sa sobriété éclairent de façon déchirante la lente descente aux enfers du protagoniste, qui subit les vexations et les humiliations de ses semblables. Monté en 2015 à Chicago, le spectacle est supervisé à Genève par le metteur en scène David McVicar lui-même, comme en atteste sa présence sur scène aux saluts finaux au terme de la première. Pour David McVicar, Wozzeck est indissociablement lié à la Première Fuerre mondiale, non seulement en raison de la date de la création de l’ouvrage (1925), mais aussi parce que le compositeur a été appelé sous les drapeaux. L’homme de théâtre écossais situe l’action dans une petite bourgade allemande juste après le conflit, avec au milieu du plateau un immense mémorial aux soldats tombés au front. La machinerie militaire est omniprésente, tout comme l’hypocrisie et la bigoterie de la société. Les personnages ne sont pas des caricatures grotesques ni des marionnettes, mais des êtres humains dont certains s’ingénient à brimer d’autres. La distanciation est abolie pour laisser place à un réalisme puissant, d’où la force du spectacle. L’enchaînement rapide des scènes renforce la dimension théâtrale, en ne laissant aucun répit aux spectateurs, grâce à un dispositif ingénieux de rideaux coulissants. Et quand on voit l’enfant de Marie tirer avec peine la même charrette que Wozzeck, on se rend compte que la vie continuera à broyer implacablement des destins. On signalera aussi l’excellente direction d’acteurs, avec des personnages finement caractérisés.


La partie musicale n’est pas en reste, avec d’abord la magistrale lecture du chef suisse Stefan Blunier, à la tête d’un Orchestre de la Suisse Romande inspiré. Le chef accentue la noirceur de la partition en exacerbant les contrastes et la dynamique, en ne ménageant pas non plus les éruptions sonores et les fortissimi qui font l’effet d'autant de coups de poignard, quitte à couvrir parfois les chanteurs. La distribution vocale est parfaitement homogène et de très haut niveau. Avec sa voix puissante et bien timbrée, Mark Stone incarne un Wozzeck qui essaie tant bien que mal de se battre et de garder un semblant de dignité, ce qui rend sa déchéance encore plus bouleversante. Même si la tessiture de Marie la sollicite à l’extrême, Jennifer Larmore est parfaitement convaincante dans le rôle et d’une grande sensibilité. Le reste de la distribution est à l’avenant, avec le Capitaine tout à la fois repoussant et touchant de Stephan Rügamer, le Tambour-Major à la fière allure de Charles Workman, le Médecin sinistre de Tom Fox, l’Andres ingénu de Tansel Akzeybek ou encore la Margret expressive de Dana Beth Miller, Un spectacle qui restera dans les annales de l’Opéra des Nations de Genève.



Claudio Poloni

 

 

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