About us / Contact

The Classical Music Network

Marseille

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Version originale tout en images

Marseille
Opéra
02/14/2017 -  et 16*, 19, 21 février 2017
Modeste Moussorgski : Boris Godounov
Ludivine Gombert (Xénia), Caroline Meng (Fiodor), Marie-Ange Todorovitch (La nourrice, L’hôtesse), Alexey Tikhomirov (Boris Godounov), Nicolas Courjal (Pimène), Jean-Pierre Furlan (Gregori/Dimitri), Luca Lombardo (Chouïsky), Wenwei Zhang (Varlaam), Christophe Berry (L’Innocent), Ventseslav Anastasov (Andrei Tchelkalov), Marc Larcher (Missaïl), Julien Véronèse (Nikitich), Jean-Marie Delpas (Mityukha)
Chœur de l’Opéra de Marseille, Maîtrise des Bouches-du-Rhône, Emmanuel Trenque (chef de chœur), Orchestre de l’Opéra de Marseille, Paolo Arrivabeni (direction musicale)
Petrika Ionesco (mise en scène, décors), Patrick Méeüs (lumières)


D’abord connu en France dans le belcanto, Paolo Arrivabeni n’en nourrit pas moins une prédilection pour le répertoire russe, ce que démontre le Boris Godounov importé de Liège par Marseille. Tandis que l’institution wallonne avait mis à affiche, en 2010, la version plus courante de 1872, c’est l’original de 1869, plus ramassé, plus âpre aussi, que la cité phocéenne propose pour le retour de l’ouvrage sur sa scène après trois décennies d’absence. Le chef italien s’attache à mettre en avant la richesse quasi picturale de l’orchestration, avec ses audaces parfois vues comme des maladresses et qu’un Rimski-Korsakov se donnera pour tâche d’adoucir, sans pour autant trop accuser la lumière sombre et l’exotisme slave de la partition. Les pupitres de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille se font efficacement le relais de cette conception qui façonne une belle et consistante patine.


La lecture très illustrative proposée par Petrika Ionesco ne contrarie pas ce soigneux vernis évocateur. Tapissée d’icônes, la scénographie ne néglige aucun des archétypes de la Russie orthodoxe, jusqu’à une saturation aux confins du décoratif, tandis que la machinerie ne fait pas l’économie du spectaculaire, accentuant la ponctuation des tableaux par de longs précipités, à rebours d’une musique qui pourrait suggérer une continuité dramatique enjambant les ellipses spatiales et temporelles. Réglés par Patrick Méeüs, les éclairages, auxquels pourrait être confiée la fonction précédemment mentionnée, se contentent de rehausser un foisonnement d’images flirtant avec un kitsch passablement hétéroclite – les casques de métal des soldats distillent par exemple un parfum que d’aucuns diraient proche de quelque Mancha imaginaire.


Si la direction d’acteurs n’évite pas toujours un schématisme voisin de la caricature, le plateau vocal compense remarquablement une théâtralité un peu en deçà de l’œuvre. Dans le rôle-titre, Alexey Tikhomirov incarne admirablement le vacillement progressif du tsar hanté de fantômes. En Pimène, Nicolas Courjal fait valoir une plénitude pénétrante, insinuant la rébellion et l’ambition dans l’esprit du Gregori, alias Dimitri, de Jean-Pierre Furlan, dont le ténor de caractère résume bien mieux le personnage que les gesticulations qui lui sont imposées. Autre figure du folklore, l’Innocent revient à un Christophe Berry également au fait de sa partie. Aux côtés du Chouïsky honnête de Luca Lombardo, Wenwei Zhang contient la trivialité de Varlaam dans les limites d’une scène de genre où l’on goûte par ailleurs le savoir-faire équilibré de Marie-Ange Todorovitch en Hôtesse, que l’on retrouve en Nourrice dans le palais impérial. Après les lamentations de la Xénia de Ludivine Gombert, Caroline Meng remplit Fiodor d’une juvénilité qui paiera sa naïveté de sa vie. Evoquons encore les interventions de Ventseslav Anastasov en Andrei Tchelkalov, celles de Julien Véronèse en Nikitich, ainsi que le Missaïl de Marc Larcher et le Mityukha de Jean-Marie Delpas. Quant aux chœurs, préparés par Emmanuel Trenque, et étoffés par la Maîtrise des Bouches-du-Rhône, ils ne déparent aucunement dans cette fresque épique.



Gilles Charlassier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com