Back
Truls Mørk et Andris Poga... chacun de leur côté Paris Philharmonie 02/22/2017 - et 23 février 2017 Antonín Dvorák : Concerto pour violoncelle n° 2, opus 104
Serge Prokofiev : Symphonie n° 5, opus 100 Truls Mørk (violoncelle)
Orchestre de Paris, Andris Poga (direction)
A. Poga (© Noslegums)
On se souvient d’une Septième Symphonie de Chostakovitch, qu’Andris Poga avait menée de main de maître à la tête de l’Orchestre de Paris alors que, assistant de Paavo Järvi, il remplaçait Mikko Franck au pied levé... après avoir fait le même chose pour Georges Prêtre (voir ici). Cette fois, il prend la place Jaap van Zweden pour la Cinquième de Prokofiev. Un remplaçant ? Non, un vrai chef, dont la maîtrise de la partition impressionne. Lecture puissante, charpentée, à l’image de cette partition où souffle le vent l’épopée – sa composition fait suite à la victoire sur le nazisme. A peine si les premières mesures manquent un peu d’air, comme quelques moments ici ou là. La musique avance, le chef letton a le sens de la forme et propose une vision très unitaire, entre la grandeur héroïque de l’Andante, le persiflage mordant du Scherzo, le lyrisme généreux de l’Adagio, la liesse populaire du final. Le geste est net, la direction entraîne une Orchestre de Paris très complice, à la sonorité d’une plénitude parfaite, qui se laisse porter par les grandes vagues de la musique de Prokofiev. On retiendra cet opus 100 : il confirme le talent d’Andris Poga, qu’on pourrait inviter pour lui-même...
Le Concerto pour violoncelle de Dvorák, en revanche, est tombé dans tous les écueils que Poga évitera chez Prokofiev, sans doute parce qu’il n’est pas sur ses terres d’élection. Très scrupuleux, l’accompagnement pèse lourd, reste souvent statique, avec des lenteurs inhabitées, sans la verdeur et la spontanéité qu’on attend ici – si Prokofiev sonnera russe, Dvorák ne sonne guère tchèque. On a l’impression, du coup, que Truls Mørk, joue une autre partition, tout en finesse, avec une sonorité magnifique de rondeur chaleureuse – lecture au demeurant assez apollinienne, plus rêveuse que conquérante, presque crépusculaire parfois, d’une tenue et d’une noblesse que l’on retrouve dans la Sarabande de Bach donnée en bis.
Didier van Moere
|