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Discutable Macbeth

Bruxelles
La Monnaie
06/07/2001 -  et les 10*, 13, 16, 19, 21, 24, 26, 28 et 30 juin 2001
Giuseppe Verdi: Macbeth
Jean-Philippe Lafont (Macbeth), Sylvie Valayre (Lady Macbeth), Erwin Schrott (Banquo), Marco Berti (Macduff), James Cornelison (Malcolm), Michela Remor (Dama di Lady Macbeth), Jacques Does (Medico), Bernard Villiers (Sicario), Gerard Lavalle (Domestico di Macbeth), René De Meyer, Sylvie Valayre, Leo Van Cleynenbreughel (Tre Apparizioni), Leo Van Cleynenbreughel (Fleanzio), René De Meyer (Cawdor), Claudio Graisman (Duncano), Anne Delatour (Lady Macduff)
Keith Warner (mise en scène & décors), Nicky Shaw (costumes), Davy Cunningham (lumières)
Orchestre symphonique et chœurs de la Monnaie, Renato Balsadonna (chef des chœurs), Antonio Pappano (direction musicale)
Nouvelle Production du Théâtre Royal de la Monnaie

Le cycle Verdi/Shakespeare proposé par la Monnaie se termine après deux réussites indiscutables (Falstaff en décembre 2000 et Otello en février 2001, toutes deux mises en scène par Willy Decker) par un spectacle qui laisse perplexe et qui rajoute au regret que Decker n’ait eu en charge cette troisième production qu’il aurait vraisemblablement marquée de son intelligence et de sa sensibilité. Partant d’une accumulation d’idées intéressantes, Keith Warner se perd en effet dans des complications qui alourdissent malheureusement sa mise en scène loin d’être aboutie et qui nécessiterait l’aide d’un mode d’emploi pour comprendre ce qu’il a voulut nous faire passer, les notes dans le programme n’y suffisant pas.
Pour Keith Warner, le moteur du fonctionnement pervers du couple Macbeth-Lady Macbeth est la frustration, née à la fois de la non-appartenance à l’aristocratie du couple et de leur incapacité à enfanter (un peu trop lourdement soulignée pendant une illustration de l’ouverture qui met en scène l’accouchement de Lady Macbeth et de la mort de l’enfant-né). Mais comment comprendre ensuite l’état avancé de grossesse de Lady Macbeth pendant la scène du somnambulisme ? Le remords lui rend- il la fécondité ? Tout cela n’est pas bien clair, et pour tout dire bien lourd et à la limite du ridicule, tout comme la suite de cette scène : le suicide de Lady Macbeth plongeant sa tête dans la cuisinière à gaz.
On pourrait multiplier les exemples de scènes ratées, alternant avec d’autres bien plus réussies : la scène du banquet avec le brindisi, comme le troisième acte avec les représentations des sorcières grotesques et inquiétantes, tout en restant un peu ridicules et l’impact de l’apparition des spectres (dont Lady Macbeth elle-même). En fait les qualités de Keith Warner en tant que metteur en scène sont inférieures à son extraordinaire talent de décorateur, ainsi que nous avons pu le constater déjà précédemment pour The Turn of the Screw à la Monnaie en 1998 et pour Der Fliegende Holländer à l’Opéra des Flandres la saison dernière et c’est là que le bas blesse.
En effet le décor unique qu’il a conçu pour cette production remplit remarquablement l’espace et rend bien compte de l’atmosphère noire et sinistre du drame : un mur gigantesque (solide, indestructible) en briques noires occupe le fond de la scène sur tout la hauteur et un autre, perpendiculaire, traverse la scène en diagonale vers la salle, débordant sur la fosse d’orchestre et semblant menacer les spectateurs ; ce mur là, instable, fragile, délabré, sera le lieu des apparitions des hallucinations de Macbeth et le contraste entre ces deux plans est saisissant. Les lumières sombres contribuent à insister sur l’histoire malsaine qui nous est présentée. Beaucoup de fouillis comble le reste de la scène : le fauteuil représentant les origines bourgeoises de Macbeth, le lit où Lady Macbeth lit la lettre de son époux, une cuisine, lieu de prédilection des sorcières, une table qui servira pour le banquet…Un décor impressionnant qui aurait mérité un meilleur metteur en scène.
La distribution est dominée par les chœurs, extrêmement sollicités par l’œuvre et les exigences de la production ; soulignons une fois de plus la qualité de leurs interventions et du travail accompli par Renato Balsadonna. Jean-Philippe Lafont semble peu convaincant en Macbeth, Sylvie Valayre n’a pas la voix de Lady Macbeth qu’elle chante pourtant sur de nombreuses scènes internationales ; le volume laisse à désirer (surtout écrasé par le chant grossier de Lafont), le timbre est trop clair et elle débute mal avec les vocalises savonnées de la cabalette « Or tutti sorgete ». Par contre, son brindisi est impeccable et précis et la scène du somnambulisme magnifiquement interprétée, de surcroît couronné d'un contre-ré d’une déconcertante facilité. Marco Berti est un Macduff sonore et sain, tout comme son récent Ismael à l’Opéra-Bastille où il reprendra Macduff la saison prochaine. Erwin Schrott nous montre une voix stylée et d’une belle couleur, le personnage étant parfaitement interprété par ailleurs. Le reste de la distribution est d’un bon niveau.
Reste la direction d’Antonio Pappano, toujours à l’aise dans Verdi mais moins convaincant que dans Falstaff et Otello. Quelques décalages gênants, des approximations dévoilent une approche énergique mais peut-être pas assez à l’écoute du détail.
Une fin de saison un peu amère à la Monnaie après tant de points forts.



Christophe Vetter

 

 

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