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Verdi magnifié

Vienna
Staatsoper
02/05/2017 -  et 9, 12*, 15, 18 février 2017
Giuseppe Verdi: Il trovatore
Ludovic Tézier (Il Conte di Luna), Anna Netrebko (Leonora), Luciana D’Intino (Azucena), Roberto Alagna (Manrico), Jongmin Park (Ferrando), Simina Ivan (Ines), Jinxu Xiahou (Ruiz)
Chor der Wiener Staatsoper, Thomas Lang (chef de chœur), Orchester der Wiener Staatsoper, Marco Armiliato (direction)
Daniele Abbado (mise en scène), Graziano Gregori (décors), Carla Teti (costumes), Alessandro Carletti (lumières)


(© Michael Pöhn)


L’affiche pour cette nouvelle production du Trouvère de Verdi pouvait faire rêver; le pari est en de compte superbement tenu. Ludovic Tézier, peut-être le chanteur le plus applaudi de la soirée, incarne un Comte di Luna viril, ténébreux et vibrant de rage intériorisée: son timbre riche et infiniment lyrique, soutenu par une technique sans faille, produit une impression immédiate et durable sur l’auditeur. Face à lui, une Leonora (Anna Netrebko) au timbre de velours, qui nous baigne dans sentiment de pureté extatique. La puissance vocale de la soprano disparaît pour délivrer des pianissimos soyeux et intimes; sa virtuosité s’efface pour transformer les vocalises en moments de musicalité sans compromis. Lorsqu’Anna Netrebko chante, le temps musical s’élargit jusqu’à se suspendre, le chef ne dirige plus l’orchestre – c’est elle qu’on suit. La scène «D’amor sull’ali rosee» offre un résumé de ce sommet de communion sonore, et pourrait être diffusée dans toutes les classes de direction d’orchestre: les coups d’archet des cordes miraculeusement synchronisés avec les respirations de la chanteuse, le flûtiste qui converse en direct avec elle, les yeux dans les yeux, sans l’intervention du chef. Luciana D’Intino campe une Azucena racée et maléfique, son registre grave, quasiment androgyne, capturant l’attention. Roberto Alagna enfin, en Manrico vaillant, maîtrisant l’art du portando à la perfection – enthousiasmant certes, mais sans tout à fait atteindre la plénitude de ses partenaires du soir. En second rôle, Jongmin Park insuffle à Ferrando une tension dramatique avec beaucoup de clarté.


La mise en scène de Daniele Abbado, généreuse en changements de lumières, est au fond très discrète, se bornant à laisser l’espace nécessaire pour développer l’opéra sans le nuire. Acoustiquement, c’est une réussite: les chanteurs peuvent entrer en fond de plateau ou chanter le dos tourné au public avec un minimum de pertes de volume sonore. La direction de Marco Armiliato parvient à faire ressortir avec raffinement tous les détails de l’œuvre: si les tempos sont souvent amples et la structure maîtrisée avec une précision mathématique, procurant un plaisir audiophile à radiographier la partition, tout cela n’est jamais gratuit – mais concourt au contraire à la dramatisation, faisant progresser la tension au fil des actes.



Dimitri Finker

 

 

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