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Douche écossaise Paris Théâtre des Champs-Elysées 02/03/2017 - et 31 janvier (Salzbourg), 2 (Aix-en-Provence), 4 (Toulouse), 5 (Pamplona), 7 (Luxembourg), 8 (Rotterdam) février 2017 Antonín Dvorák : Légendes, opus 59 n° 1, n° 2, n° 4, n° 7 et n° 8
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 27 en si bémol majeur, K. 595
Joseph Haydn : Symphonie n° 104 en ré majeur «Londres» Maria João Pires (piano)
Scottish Chamber Orchestra, Robin Ticciati (direction)
R. Ticciati (© Marco Borggreve)
L’Orchestre de chambre d’Ecosse et son chef principal depuis 2009, le jeune Britannique Robin Ticciati, ont donc fait une halte à Paris lors d’une tournée européenne. Au programme de l’ensemble de ces concerts, le Vingt-septième Concerto de Mozart avec Maria João Pires, précédé de cinq des Légendes de Dvorák et suivi de la dernière symphonie de Haydn, dite «Londres».
Les dix Légendes de Dvorák ne comptent pas parmi ses œuvres les plus célèbres. Initialement composées pour piano à quatre mains en 1881, elles sont un an plus tard orchestrées par le compositeur avec son habituel talent, mais sans parvenir à les hisser au niveau des grandes œuvres de la maturité. Malgré une direction élégante, enlevée et précise de Ticciati, l’ennui gagne vite. Si la musique, rarement passionnante, y est sans doute pour beaucoup, les limites évidentes (violons secs, cuivres imprécis, timbales trop présentes) d’un orchestre en petit effectif (vingt-quatre cordes dont deux contrebasses) y participent également.
Le dernier concerto pour piano de Mozart est beaucoup plus réussi. Maria João Pires, dont on connait les affinités avec le compositeur, est ici à l’évidence dans son élément. La précision, la poésie, la simplicité et les nuances sont bien au rendez-vous. Ses qualités éminemment mozartiennes irradient jusqu’à l’orchestre qui devient plus intéressant, plus souple et nettement plus musical. Les bois, particulièrement sollicités, sont magnifiquement mis en valeur par la direction de Ticciati et dialoguent avec élégance avec le piano. A l’issue du concerto, les musiciens offrent en bis l’Adagio du Vingt-troisième Concerto, montrant ici aussi une belle complicité au seul service de Mozart.
Malgré d’évidentes qualités, notamment de phrasé et d’articulation, la Symphonie «Londres» de Haydn donnée après l’entracte a surtout sonné artificielle. L’interprétation, plus agitée qu’habitée, contrastée mais parfois à l’excès, et cherchant trop le spectaculaire empêchait cette musique simple et joyeuse de s’exprimer et de respirer. On y retrouvait aussi des timbales à la présence exagérée, d’irritantes imprécisions des cors naturels auxquels s’ajoutaient les difficultés des cordes à assumer certains traits périlleux dans les passages les plus vifs. En somme une vision baroquisante mais trop caricaturale.
En fin de compte, on l’a compris, un concert alternant de bons et de moins bons moments malgré un Robin Ticciati qui possède un évident talent – en témoigne notamment au disque un magnifique Roméo et Juliette de Berlioz – et qui quittera bientôt l’Orchestre de chambre d’Ecosse pour rejoindre le Deutsches Symphonie-Orchester de Berlin.
Gilles Lesur
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