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Khachatryan, déjà un classique

Vienna
Konzerthaus
01/20/2017 -  et 19 janvier 2016 (Luxembourg)
Maurice Ravel : Pavane pour une infante défunte
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon n° 2, opus 129
Igor Stravinsky : Le Sacre du printemps

Sergey Khachatryan (violon)
Orchestre philharmonique du Luxembourg, Gustavo Gimeno (direction)


S. Khachatryan (© Marco Borggreve)


Cet ambitieux programme réunit deux jeunes interprètes qui sont loin d’être des inconnus: d’un côté le chef Gustavo Gimeno, né en 1975 à Valence, initialement percussionniste solo au Concertgebouw avant de devenir l’assistant de Mariss Jansons, Bernard Haitink et Claudio Abbado, et qui vole désormais de ses propres ailes – notamment désigné directeur de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg en 2015. De l’autre, le violoniste Sergey Khachatryan, né en 1985 à Erevan, révélé par ses éclatants succès dans les concours internationaux (devenant par exemple le plus jeune vainqueur du concours Jean Sibelius, en 2000) et qui depuis confirme son talent dans chacun de ses enregistrements.


Commençons par le Second Concerto de Chostakovitch: Khachatryan en extirpe une brillantissime lecture, dont la simplicité, l’intensité et la perfection plastique nous replongent dans l’univers des grands violonistes du passé. Voici un musicien qui n’a guère besoin de venir se produire pieds nus, ou de faire des bonds de cabri sur scène pour se distinguer. Les innombrables difficultés techniques de la partition sont toutes aisément dominées par un remarquable travail de précision, qui permet de maintenir une intensité expressive couvrant sans défaillir tout l’éventail dynamique de l’instrument. Les cadences laissent apparaître des fulgurances qui ne font jamais fléchir le lyrisme passionné du soliste. L’orchestre quant à lui reste très attentif, à défaut de sonner russe, créant de belles fusions de timbres dans le dernier mouvement.


La lecture de la Pavane pour une infante défunte est autrement moins passionnante: prise avec une extrême lenteur, la pièce perd en féerie et semble se décomposer au passage. On songe au bon mot de Ravel qui, changeant sa conception initiale du tempo après une audition de l’œuvre, rappelle à l’interprète que «c’est l’infante qui est défunte, pas la pavane!» Les respirations sont bien présentes, mais sonnent pesantes et académiques; à cette vitesse, il faudrait y imprimer une richesse sonore et une perfection dans l’exécution – toutes deux insuffisantes durant le concert. Le Sacre est d’un autre niveau: certes, les vents restent un peu criards, mais les différents épisodes sont bien différenciés, proposant une bonne synthèse entre rythme et lyrisme. On retient son souffle en particulier à l’attaque de la seconde partie, où la pulsation est retenue d’un petit rien, dégageant ainsi la sauvagerie de la partition.


Le bis, parti d’une bonne intention sans doute (offrir un extrait de la musique de scène pour Rosamonde de Schubert au public viennois), tombe en revanche dans le kitsch le plus déraisonnable: malgré l’attention aux détails et le soin apporté aux contrechants, des variations de tempo en accordéon viennent perturber la mélodie simple et pure.



Dimitri Finker

 

 

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