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Un quatuor et un festival à encourager Tournai Maisons romanes 01/21/2017 - Frank Bridge: Novelletten, H. 44
Alexandre Borodine: Quatuor n° 2
Johannes Brahms: Quatuor n° 2, opus 51 n° 2 Prosperus4: Sophie Demoulin, Caroline Poncelet (violon), Tine Janssens (alto), Johannes Burghoff (violoncelle)
Prosperus4
Prosperus4, un fonds d’investissement? Non, un quatuor qui tire son nom d’un compositeur belge, Prosper Van Eechaute (1904-1964). Fondée en 2006, la formation, dont les membres font partie de l’Orchestre national de Belgique, du Philharmonique de Bruxelles et de l’Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, inaugure la quinzième édition des Voix intimes, le festival du quatuor à cordes de Tournai, qui se déroule jusqu’au 24 juin. Organisée chaque année par l’association Proquartetto, cette série de concerts, qui se tient dans différents lieux de la ville, permet d’entendre un large panel de quatuors européens, en ce compris des ensembles belges peu visibles dans leur pays. Il est vrai que le genre demeure exigeant et impopulaire. Nous saluons donc l’opiniâtreté des organisateurs et la fidélité du public.
Le programme débute par les rares Novelettes (1904) de Bridge. Dans cette œuvre plaisante, mais peu novatrice, tant sur la forme que sur le fond, le quatuor affiche d’emblée de la cohésion et de la rigueur. Il bénéficie de l’acoustique chaleureuse et peu réverbérée de la chapelle protestante, logée dans les Maisons romanes, situées dans une rue discrète du centre-ville. Mis à part l’inconfort des sièges en bois en cas de position assise prolongée, ces conditions idéales révèlent la sonorité agréable et consistante de cette formation qui ne possède cependant pas le degré de raffinement et l’aura des plus grandes.
Le quatuor devait poursuivre avec Il tramonto de Respighi, projet abandonné suite à la défection de la mezzo-soprano pour raisons de santé. A la place, il exécute le Second Quatuor (1881) de Borodine, dans lequel l’impression laissée dans les pages du compositeur anglais se confirme : un jeu solide et expressif, mais un dialogue parfois déséquilibré, ce qui explique le manque de plénitude et de netteté ressenti. Les spectateurs, bien que disciplinés, ne se retiennent pas d’applaudir après l’illustre Nocturne, où les musiciens affichent de justes sentiments, sans s’abandonner entièrement, toutefois.
Le Deuxième Quatuor (1873) de Brahms résume les qualités et les limites de la formation : interprétation vigoureuse, engagée, construite, mais pas toujours parfaitement décantée. Si les traits imprécis restent heureusement rares, le dialogue ne présente que partiellement et par intermittences toutes la finition et la souplesse attendues. Plus justes et mieux caractérisés, la sonorité et le ton tendent davantage vers l’idéal comparé à l’œuvre précédente, bien que l’approche, assez robuste, voire rustique, demeure prudente et même prosaïque, par moments. Les musiciens reprennent en bis une des Novelettes de Bridge – comme certains plats réchauffés, le goût s’avère meilleur – avant de partager avec le public le verre de l’amitié gracieusement offert par l’association. Voilà, de toute évidence, un quatuor à encourager.
Le prochain concert se tiendra, au même endroit, le 19 février, à 16 heures. Premier grand prix du huitième Concours international de quatuor à cordes de Bordeaux, une référence en la matière, le Quatuor Akilone, d’origine française, interprétera le Second Quatuor « Lettres intimes » de Janácek et le Huitième Quatuor de Beethoven.
Le site de Prosperus4
Le site des Voix intimes
Sébastien Foucart
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