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L’émotion à sa juste mesure

Montpellier
Corum (Opéra Berlioz)
01/06/2017 -  et 7 janvier 2017
Ernest Bloch : Schelomo
Gustav Mahler : Symphonie n° 5 en do dièse mineur

Cyrille Tricoire (violoncelle)
Orchestre national Montpellier Occitanie, Michael Schønwandt (direction musicale)


M. Schønwandt


Depuis son arrivée à la tête du désormais rebaptisé – pour cause de fusion territoriale – Orchestre national Montpellier Occitanie, Michael Schønwandt réalise un estimable travail que confirme le présent concert, à l’intitulé aussi géographiquement qu’esthétiquement évocateur, «Mittleeuropa».


La première partie de la soirée met en valeur un compositeur à l’œuvre nourrie de thèmes hébraïques, Bloch, ce dont témoigne l’une de ses plus célèbres pages, Schelomo, dont le titre n’est rien d’autre que «Salomon», en transcription germanique de l’hébreu. Adoptant une inspiration cyclique consacrée par la forme rhapsodique, la pièce développe ses trois épisodes avec une belle économie expressive, modulant une intensité qui ne verse jamais dans l’emphase. Au diapason de la retenue du chef danois, soucieux de souligner les jeux de timbres sollicités par la partition – on retiendra en particulier les alchimies sonores aux bois –, Cyrille Tricoire fait vibrer son exigeant solo de violoncelle avec un émouvant sens de l’équilibre entre sincérité et noblesse: nul besoin d’accentuer inutilement les couleurs pour les restituer dans leur sobriété éclatante. Ce souci du style se confirme dans le bis, également de Bloch, une Prière rayonnante d’un lyrisme justement calibré.


En seconde partie, la Cinquième Symphonie de Mahler évite ici également les épanchements qui tentent parfois plus d’une phalange ou d’une baguette. Il ne faut pas s’attarder sur les appels auguraux de trompette de la «Marche funèbre»: Michael Schønwandt privilégie une lisibilité allante qui ne se repaît point de pathos. L’architecture d’ensemble se fait d’abord dynamique aérée, qui innerve aussi bien le II, Stürmisch bewegt, sans céder à une eschatologie trop simpliste. Un tel souci de la clarté n’émousse ainsi aucunement la complexité de l’ouvrage, et l’on entend dans le détail des textures, sans qu’il soit besoin de s’y appesantir doctement, l’enracinement de la Cinquième dans le corpus mahlérien – l’empreinte de l’Auferstehung se fait plus d’une fois sensible. On pourrait certes attendre du Scherzo plus de chair, dans le début du mouvement surtout, là où la composition semble dessiner la mélodie et la perspective harmonique avec le galbe sonore. C’est dans la décantation de la section centrale que la conception développe toutes ses ressources, des violons pincés à la manière de mandolines à la fluidité entre les pupitres, illuminant admirablement une évidente pastorale onirique, plus prononcée peut-être que dans le célèbre Adagietto, qui se livre ici comme une halte paisible passablement hors du temps, sans éprouver le besoin du support cinématographique. Confirmant l’efficacité sobre de l’interprétation proposée, le finale, comme esquissé à la pointe sèche, élague la densité orchestrale aux limites de la fanfare.



Gilles Charlassier

 

 

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