Back
Nouvel an sous le soleil de Mexico Avignon Opéra 12/30/2016 - et 31 décembre 2016, 1er janvier 2017 Francis Lopez : Le Chanteur de Mexico Julie Morgane (Cri-Cri), Caroline Mutel (Eva Marchal), Jeanne-Marie Lévy (Madame Bornin, Tornada), Florian Laconi (Vincent Etchebar), Claude Deschamps (Bilou), Jacques Duparc (Cartoni), Gilen Goivoechea (Zapata), Antoine Bonelli (Bidache, Le grand magicien), Kevin Lévy (Miguelito), Franck Licari (Pablo, Aguiro), Mathieu Fernandes (Atchi), Jean-François Baron (Le présentateur), Cyril Héritier (Un Basque), Saeid Alkhouri (Un vendeur de journaux), Xavier Seince (Un soldat), Ballet de l’Opéra Grand Avignon
Chœur de l’Opéra Grand Avignon, Aurore Marchand (chef de chœur), Orchestre régional Avignon-Provence, Didier Benetti (direction musicale)
Jacques Duparc (mise en scène), Eric Belaud (chorégraphie), Christophe Vallaux (décors), Rosalie Varda (costumes), Philippe Grosperrin (lumières)
Les festivités de fin décembre n’épargnent pas les salles d’opéra, et Avignon en fait la démonstration éloquente en mettant à l’affiche un des plus grands succès du Châtelet des années cinquante: Le Chanteur de Mexico de Francis Lopez. Sans pour autant verser dans le syndrome de la reconstitution nostalgique, c’est dans l’esprit de cette époque que Jacques Duparc a réglé sa production haute en couleur, gags et autres calembours à saveur d’actualité nourrissant une complicité avec le public, lequel le lui rend bien.
Les décors de Christophe Vallaux plongent le spectateur dans un carton-pâte empreint d’humour, jouant plus d’une fois avec la vitalité de la bande dessinée, à laquelle les lumières conçues par Philippe Grosperrin ne sont pas étrangères: voiture de chemin de fer sortie d’un placard, proue d’un navire sur le départ, automobile en panne au milieu du désert mexicain et réserve d’Indiens aux costumes – dessinés par Rosalie Varda – mêlant le militaire et le folklore. L’agrément de l’œil se trouve accru par l’habileté des trouvailles scénographiques, au premier rang desquelles se compte le gigantesque squelette en forme de sapin de Noël, avec décorations obligées, qui anime les grands numéros finals, et synthétise en un aussi improbable que réjouissant artifice le Jour des morts mexicain avec nos traditions de fin d’année. Indéniablement, le spectacle se montre généreux en divertissement, ce que confirme le Ballet de l’Opéra Grand Avignon, réglé par son directeur Eric Belaud, dans des ensembles gorgés de couleurs et de vitalité, au diapason de la production.
Le plateau vocal cherche un compromis entre le lyrique et le music-hall. Jeune amoureuse au grand cœur, Cri-Cri revient à une Julie Morgane au bagout discrètement parigot, qui séduit dans ses touchantes envolées sentimentales, sensibles à la délicatesse des mots. Caroline Mutel contraste en une Eva Marchal sophistiquée et mondaine, dont le jeu prend l’ascendant sur la voix. Florian Laconi impose sans peine une présence qui résume bien la sincérité un peu gauche de Vincent Etchebar, lequel n’éprouve point le besoin de superflu subtil. Jeanne-Marie Lévy passe de la gouaille, très parlée, de Madame Bornin à une Tornada à l’intonation guerrière aussi large que les épaules. Le reste de la distribution complète la galerie de caractères dans l’esprit de l’ouvrage, plus personnages que gosiers. Claude Deschamps se délecte de la maladresse hâbleuse et bravache de Bilou, quand Jacques Duparc se réserve l’imprésario Cartoni. Mentionnons encore Gilen Goivoechea et Antoine Bonelli, respectivement Zapata et Bidache, ce dernier endossant également l’habit du Grand magicien. Kévin Lévy et Franck Licari accusent significativement le comique du duo d’agents secrets, Miguelito et Pablo. On évoquera l’Atchi de Mathieu Fernandes et Jean-François Baron en animateur de concours de chant, sans oublier les chœurs, préparés avec enthousiasme par Aurore Marchand. Quant à la direction de Didier Benetti, elle ne se laisse pas prier pour faire retentir les rythmes teintés d’exotisme qui lubrifient une partition digeste nourrie de pages célèbres.
Gilles Charlassier
|