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Monotone mais lumineux Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 12/16/2016 - et 6 (Paris), 9, 10 (London), 11, 12 (Rotterdam), 14 (Katowice), 17* (Bruxelles), 18 (Köln) décembre 2016
16 décembre
Johann Sebastian Bach: Weihnachtsoratorium, BWV 248: cantates I à III – Motet «Singet dem Herrn ein neues Lied», BWV 225
17 décembre
Johann Sebastian Bach: Weihnachtsoratorium, BWV 248: cantates IV à VI – Messe en si mineur, BWV 232: Sanctus
Anna Dennis (soprano), Robin Blaze (contre-ténor), Jeremy Budd (ténor), Ashley Riches (baryton)
Choir of the Enlightenment, Orchestra of the Age of Enlightenment, Masaaki Suzuki (direction)
M. Suzuki (© Marco Borggreve)
Une œuvre de circonstance : fondé il y a trente ans, l’Orchestre de l’Age des Lumières exécute l’Oratorio de Noël (1734-1735) de Bach en deux fois, la première moitié le vendredi, la seconde le lendemain. Pour que la durée des concerts soit suffisante, Masaaki Suzuki, directeur artistique du Bach Collegium Japan, intercale assez logiquement entre les cantates le motet Singet dem Herrn ein neues Lied (1726-1727), probablement composé pour la nouvelle année, et le «Sanctus» de la Messe en si mineur (1747-1749), destiné, à l’origine, dans un remaniement différent, aux célébrations de Noël.
Les musiciens livrent une interprétation sobre et limpide, précisément contrastée, exaltée lorsque cela s’avère nécessaire, mais un peu monotone : agréable et enveloppante, la musique ne touche que par intermittence. Si le chef restitue le caractère spirituel de ces cantates, la dimension narrative paraît moins marquée. L’équilibre et l’harmonie qui se dégagent de l’ensemble persuadent malgré tout du savoir-faire et de la sensibilité des interprètes. La compacité du Motet, pour un effectif de moindre importance, n’exclut pas la clarté de la polyphonie, grâce à une mise en place précise.
Les deux soirées permettent de largement apprécier la finesse et l’habilité de l’orchestre. Si les trompettes restent fidèles à leur nature récalcitrante, elles assurent le plus souvent d’admirables interventions, nettes et percutantes. Les cordes séduisent constamment et les bois affichent une tenue exemplaire, en particulier la formidable hautboïste chargée des solos. La finition et la sonorité lumineuse de l’ensemble demeurent ainsi remarquables. Assez démonstratifs, les choristes, au nombre de seize, assurent, quant à eux, une prestation à tout point de vue accomplie.
Tous anglophones, les solistes, qui se détachent du chœur lors de leurs parties, chantent avec une grande sûreté de style, mais offrent des bonheurs divers. S’il possède une voix attrayante, le ténor Jeremy Budd manque de charisme et de force de persuasion pour un Evangéliste. La soprano Anna Dennis intervient avec assurance, mais sans grande aura, en dépit d’un timbre délectable et d’une ligne de chanté élaborée. Alors que le contre-ténor Robin Blaze laisse trop indifférent à cause d’un chant fragile et éteint, le baryton Ashley Riches séduit davantage par la justesse de l’expression et la consistance de la voix.
Le site de l’Orchestre de l’Age des Lumières
Sébastien Foucart
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