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Au Heuriger Vienna Konzerthaus 12/08/2016 - Hans Zajicek: Heut’ san ma fidel, Heurigenmarsch
Josef Mikulas: Omega Tanz
Johann Schrammel: Walzer ohne Titel
Eduard Strauss: Nach kurzer Rast, Polka schnell, opus 100
Josef Hurka: A süasse Geig’n, Idyll
Philipp Fahrbach: Im Kahlenbergdörfl, Polka française, opus 340
Karl Mikulas: Beim Grebelten, Altwiener Tanz
Anonyme : Weinberln und Zibeben, Altwiener Tanz
Carl Wilhelm Drescher: Grinzinger Marsch, opus 135
Karl Kratzl: Die letzten Tropfen, Walzer
Rudolf Mazala: Um drei Uhr früh, Polka
Johann Schramme: Putschlögl-Marsch, Polka française
Anton Debiasy : Debaddeur Tänze
Fritz Kreisler: Liebesleid
Sepp Fellner: In der Kellergass’n, Wienerlied Symphonisches Schrammelquintett Wien: Helmut Lackinger, Edwin Prochart (violon), Kurt Franz Schmid (clarinette), Rudolf Malat (accordéon chromatique), Peter Hirschfeld (Kontragitarre)
Le Quintette symphonique Schrammel de Vienne (© Lukas Beck)
Alors que les flots de touristes se précipitent dans ces concerts où sévissent de faux Mozart poudrés et perruqués, les vrais Viennois ne s’y trompent pas: il y a beaucoup plus à apprendre sur les traditions de la musique autrichienne dans ces musiques de Heurigen que dans une énième interprétation édulcorée d’une kleine Nachtmusik. De fait, les tracht et dirndl qui constellent les fauteuils de la salle n’ont rien d’anachronique et reflètent des traditions bien ancrées dans le quotidien des Autrichiens.
Le programme du concert, intitulé «Beim Heurigen», s’articule autour du thème du vin – le Heuriger étant une de ces tavernes typiques qui servent le vin de l’année (Heuer) dans une ambiance détendue (gemütlich) et souvent musicale. Tous les grands compositeurs austro-hongrois y ont passé de longs moments au retour de leurs promenades, et la musique qui s’y jouait alors a imprégné nombre de leurs chefs-d’œuvre. Au-delà de Strauss bien évidemment, Beethoven, Schubert et même Bruckner en sont des exemples marquants. Le corpus d’œuvres proposées par le Schrammelquintett est centré sur la seconde moitié du XIXe siècle, période où les frères Schrammel ont popularisé le genre qui porte leur nom: deux violons, une Kontragitarre (construite avec un second manche supportant les cordes graves), un accordéon chromatique (Knopfharmonika), auxquels est occasionnellement adjointe une petite clarinette en sol (clarinette viennoise).
Les musiciens du Schrammelquintett déroulent leur programme avec classe et décontraction, enchaînant les explications pittoresques entre deux pièces – l’occasion de constater la proximité entre la langue viennoise et sa musique, toutes deux empreintes d’intonations traînantes voire paresseuses. L’orchestration Schrammel ne favorise guère l’assise des graves, assurée principalement par la guitare; c’est plutôt l’univers des timbres aériens, parcimonieux dans l’usage du vibrato, propulsés par des archets souples et légers. Même les accents sont rarement «à la corde», produits par la vitesse plutôt que la pression de l’archet. Les effets de tuilages ou de contrechants entre instruments sont toujours très convaincants, les timbres fusionnant à merveille d’un pupitre à l’autre. Les tempi sont fluides, riches en relances ou coups de freins subits. Enfin, les musiciens en rajoutent avec une mise en scène les faisant sortir hors de scène l’un après l’autre, le guitariste finissant tout seul le spectacle, abandonné de ses collègues.
Le cycle du Konzerthaus consacré à cet ensemble se poursuit l’année prochaine – les touristes cultivés s’y rendront-ils?
Dimitri Finker
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