Back
Triple hommage Paris Palais Garnier 11/29/2016 - et 1er, 3, 5, 6, 8, 10, 11, 13, 14, 16, 17, 18, 20, 21, 23, 24, 27, 28, 29, 30, 31 décembre 2016
Tar and Feathers Jirí Kylián (chorégraphie, décors, voix), Wolfgang Amadeus Mozart, Dirk Haubrich, Tomoko Mukaiyama (musique)
Joke Visser (costumes), Mikki Kunttu (lumières)
Tomoko Mukaiyama (piano)
Bella Figura
Jirí Kylián (chorégraphie), Lukas Foss, Jean-Baptiste Pergolèse, Alessandro Marcello, Antonio Vivaldi et Giuseppe Torelli (musique)
Michael Simon (scénographie et lumières, Joke Visser (costumes)
Symphony of Psalms
Jirí Kylián (chorégraphie), Igor Stravinski (musique)
Joop Stokvis (costumes), William Katz (décors)
Bella Figura (© Ann Ray/Opéra national de Paris)
A l’Opéra de Paris, côté danse, pour les fêtes, le Ballet reprend l’increvable Lac des cygnes de Noureev sur la scène bastillane tandis qu’à Garnier un magnifique hommage est rendu au chorégraphe d’origine tchèque Jirí Kylián.
On doit à l’annulation d’une soirée Tudor/Millepied, abandonnée après le départ du directeur de la danse démissionnaire, son remplacement par ce florilège à la gloire de Jirí Kylián. Concocté avec le chorégraphe par Aurélie Dupont l’actuelle directrice, il consiste en trois pièces de l’époque où il dirigeait le Nederlands Dans Theater (NDT) à La Haye. A une pièce près, ce programme est le même que celui que le Ballet national de Norvège avait présenté au Théâtre des Champs-Elysées en septembre 2014. A 69 ans, Kylián, qui sera accueilli en résidence pendant trois ans à partir de la saison prochaine au Ballet de l’Opéra de Lyon, a à son actif un répertoire de 103 pièces, dont 74 composées pour le NDT, et 9 inscrites au répertoire du Ballet de l’Opéra natoinal de Paris (BOP).
Tar and Feathers (© Ann Ray/Opéra national de Paris)
On ne se lasse pas depuis son entrée au répertoire du BOP il y a quinze ans de revoir Bella Figura, réglé en 1995 sur des musiques italiennes des XVIe et XVIIe siècles, grande leçon d’élégance, de subtilité et d’invention. Comme toujours, on y lit la signature du maître, qui sait mieux que tout autre combiner la richesse du vocabulaire utilisé et l’humour. Dans ce programme, deux pièces entraient au répertoire du BOP: Tar and Faethers (2006), fantaisie débridée sur une improvisation live de la pianiste d’origine japonaise et néerlandaise Tomoko Mukaiyama et l’emblématique Symphonie de Psaumes sur la musique éponyme de Stravinsky.
Symphonie de psaumes (© Ann Ray/Opéra national de Paris)
Tar and Feathers, chorégraphie en noir et blanc, impressionne par son décor (signé Kylián) sur le plateau seulement occupé par des structures lumineuses blanches un piano de concert est perché sur de grandes échasses et la pianiste quasi en apesanteur improvise et déconstruit le Neuvième Concerto pour piano de Mozart, dont on reconnaît des bribes tout en surveillant les six danseurs. Beaucoup de duos forment la structure de la pièce dans laquelle perce toujours un humour contenu. Symphonie de psaumes (1978), la première pièce crée par Kylián au NDT et depuis un succès planétaire, au contraire enferme les danseurs dans un espace clos et cultive plutôt les ensembles sur un fond de tapis orientaux. Elle symbolise une fête d’un lyrisme éperdu.
La grande particularité de cette soirée est la façon quasi naturelle dont les danseurs du BOP s’approprient ce style et se coulent dans le moule d’une chorégraphie créée pour une troupe à l’opposé de la leur. La première distribution convoquait une pluie d’étoiles. Alice Renavand brillait dans Bella Figura ainsi que le couple Dorothée Gilbert/Alessio Carbone, un des mieux appariés de cette compagnie. Laëtitia Pujol et Eleonora Abbagnato figuraient aussi à ce générique. Pour Tar and Feathers, Dorothée Gilbert et Josua Hoffalt dominaient la distribution. Symphonie de psaumes voyait revenir les précédents avec en prime Marie-Agnès Gillot sur qui ce style semble cousu sur mesure. Une soirée splendide! Ceux qui n’auront pas la chance d’y assister peuvent retrouver ces pièces dans le coffret DVD qu’Arthaus a consacré à Kylián. Rendez-vous est pris à l’Opéra de Lyon au printemps pour un autre grand hommage à l’un des créateurs les plus inventifs du XXe siècle avec deux de ses pièces majeures, One of a Kind et Sleepless.
Olivier Brunel
|