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Mikhail Pletnev au clavier et au pupitre

Paris
Philharmonie
11/28/2016 -  et 26 novembre 2016 (Baden-Baden)
Serge Prokofiev : Symphonie n° 1 «Classique», opus 25
Alexandre Scriabine : Concerto pour piano, opus 20 (*)
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 9, opus 70

Orchestre national de Russie, Mikhail Pletnev (piano, direction), Alexey Bruni (*) (direction)


M. Pletnev (© Roman Goncharov)


La saison passée, il avait annulé son concert avec l’Orchestre de Paris. Il vient de renoncer, au tout dernier moment, à celui qu’il devait donner avec l’Orchestre national de Russie. Le public de la Philharmonie attend encore Guennadi Rojdestvenski. Mais cette fois, le concert a eu lieu : depuis qu’il l’a créée, Mikhail Pletnev conduit la formation et il a pris la baguette au pied levé pour le même programme, sauvant ainsi la soirée.


Aurait-il pu diriger, du clavier, le Concerto pour piano de Scriabine ? Le premier violon de l’orchestre, Alexey Bruni, l’accompagne laborieusement, surtout dans l’Allegro initial. Cela dit, la partie orchestrale n’est pas des plus passionnante, à moins d’être transfigurée par un grand chef – comme Rojdestvenski... et – l’on n’a d’oreilles que pour le piano de Pletnev. Un piano magnifique, qui tient de l’orchestre par la richesse de la pâte, la diversité des couleurs, l’éventail dynamique, la liberté inventive du jeu. Il joue ce concerto de jeunesse comme s’il venait de la plume du Scriabine de la maturité, avec des chatoiements et des fulgurances, un esprit d’improvisation rhapsodique. L’œuvre n’est pas loin de Rachmaninov, il la rapproche de Liszt, notamment dans les Variations de l’Andante.


Avant le Concerto, la Symphonie classique de Prokofiev a d’emblée confirmé la virtuosité de l’orchestre... et les talents du chef. Car Pletnev, au pupitre, en est un, un vrai, pas un pianiste qui s’empare d’une baguette. Direction impeccablement maîtrisée, assumant ses parti pris : loin de lorgner vers un néoclassicisme haydnien, la partition assume une filiation avec le Tchaïkovski des ballets et des Suites, Pletnev ne renonçant pas à une certaine opulence, quitte à émousser parfois le piquant narquois de cet opus 25.


On pourrait, ici ou là, en dire autant des mouvements extrêmes de la Neuvième Symphonie de Chostakovitch, que le chef domine tout aussi superbement. Mais si certaines lectures sont plus débridées, plus insolentes, elles sont souvent moins unitaires : aussi attentif à la forme qu’à l’expression, Pletnev tend l’arc, grâce à l’art des enchaînements, en particulier entre les trois derniers mouvements, qui succèdent à un Moderato d’une nudité désolée, plein d’angoisse sourde. Finalement, la Symphonie garde ici toute son ambiguïté – on sait que Staline ne s’y trompa pas. L’orchestre brille de tous ses feux, avec de remarquables solos.



Didier van Moere

 

 

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