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Une heureuse et diététique reprise

Nantes
Théâtre Graslin
11/22/2016 -  et 24, 25, 27, 29 novembre (Nantes), 14, 16, 18 décembre (Angers) 2016
Jacques Offenbach : Orphée aux Enfers
Sébastien Droy (Orphée), Sarah Aristidou (Eurydice), Franck Leguérinel (Jupiter), Doris Lamprecht (L’Opinion publique), Flannan Obé (John Styx), Jennifer Courcier (Cupidon), Mathias Vidal (Aristée, Pluton), Lucie Roche (Vénus), Anaïs Constant (Diane), Edwige Bourdy (Junon), Marc Mauillon (Mercure), Mathilde Nicolaus (Minerve), Alban Gérôme, Antoine Orhon, Benjamin Thomas (figurants)
Chœur d’Angers Nantes Opéra, Xavier Ribes (chef de chœur), Orchestre national des Pays de la Loire, Laurent Campellone (direction musicale)
Ted Huffman (mise en scène), Clement & Sanôu (décors, costumes et lumières), Yara Travieso (chorégraphie), Alain Perroux (adaptation et réécriture des dialogues)


(© Jef Rabillon)


Les coproductions présentent parfois d’évidents avantages, à l’instar de l’opportunité offerte à la mise en scène de s’amender pour se bonifier. L’Orphée aux Enfers réglé par Ted Huffman, et étrenné à la fin de l’année dernière à Nancy en témoigne.


On retrouve bien entendu la scénographie de Clement & Sanôu, et son grand hôtel Art Déco dont la pompe a été quelque peu élaguée, à l’image de l’ensemble du spectacle, qui a suivi, au fil de la reprise à Montpellier avant les soirées nantaises, un régime dramaturgique bienvenu. Les figures proverbiales reviennent intactes, du groom Aristée se métamorphosant en Pluton, zombie aux longs cheveux délavés, à L’Opinion publique, intraitable dame d’étage avec chariot, balai et gant de latex. Au rayon des bénéfices diététiques, on comptera les lumières, qui accusent moins l’embonpoint matelassé des divinités, tandis que les cerbères du maître des Enfers tiennent désormais en laisse leurs aboiements intempestifs, lesquels viennent à peine émailler l’arrivée de Pluton à l’Olympe. Si le séjour terrestre perd peut-être un peu de son animation spontanée, le bal final, resserré, ne s’égare plus au-delà d’un bestiaire homogène et bien ordonné, soumis à la chorégraphie de Yara Travieso. Au diapason de cette cure d’amincissement, l’adaptation du livret de Crémieux et Halévy par Alain Perroux se réduit à une actualisation dans l’esprit de l’humour chansonnier originel, entre Merci pour ce moment et Un président ne devrait pas dire ça, sans se donner la peine d’arranger les clins d’œil d’actualité au génie du texte source, rendant parfois artificiel le résultat.


De la distribution vocale presque identique à la série nancéenne ne diffèrent que l’Eurydice, confiée cette fois à la novice Sarah Aristidou, qui a toute la fraîcheur de la jeune première, sans peut-être autant de fruité piquant – du moins à l’oreille – que sa prédécesseure, Alexandra Hewson, ainsi que Vénus, pour laquelle Marie Kalinine a cédé à la non moins appréciable Lucie Roche. Pour le reste, on ne boudera pas l’Orphée de Sébastien Droy, sain de déclamation, qui se glisse avec un naturel inentamé dans la conception générale. Grâce au gommage cosmétique de quelques inutiles excès, les qualités vocales de Mathias Vidal, mêlant l’éclat au sens du style, y gagnent sensiblement dans la mise en valeur du janusien Aristée-Pluton. Cette condensation sur l’essentiel profite également au Jupiter éminemment théâtral de Franck Leguérinel. Il n’est pas jusqu’au Mercure de Marc Mauillon qui n’en tire bénéfice: la virtuosité insolente de ses couplets apparaît au grand jour, sans filtre visuel parasite, et l’on n’en admire que mieux l’évidente maîtrise dans l’abattage textuel exigé par la page. L’Opinion publique échoit à une Doris Lamprecht toujours aussi gourmande de son rôle. Rappelons encore le John Styx de Flannan Obé, alangui de pathétisme souvent comique, l’hystérie sans faiblesse d’Edwige Bourdon en Junon, le Cupidon mutin de Jennifer Courcier, la Diane éplorée d’Anaïs Constans, ou encore la Minerve de Mathide Nicolaus, laquelle achève de compléter le tableau. Sans oublier les chœurs préparés par Xavier Ribes, on soulignera le plaisir de retrouver la direction ductile de Laurent Campellone, qui s’adapte aux réalités de la fosse pour mettre en valeur le génie de la partition.



Gilles Charlassier

 

 

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