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La Hongrie fête les Rois de France Versailles Opéra 11/24/2016 - et 23 novembre 2016 (Budapest) «Un opéra pour trois rois»
Extraits de fêtes et divertissements à Versailles:
Jean-Baptiste Lully : Les Plaisirs de l’Ile enchantée – Le Bourgeois gentilhomme
Jean-Philippe Rameau : Hippolyte et Aricie – Platée – La Princesse de Navarre – Les Surprises de l’Amour – Castor et Pollux – Les Indes galantes
André Cardinal Destouches : Issé – Les Stratagèmes de l’amour
Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville : Les Fêtes de Paphos - Le Carnaval du Parnasse
Michel Richard de Lalande : Les Folies de Cardenio
François Colin de Blamont : Zéphyre et Flore
Antoine Dauvergne : Le Retour du printemps – Deuxième concert de symphonie – Canente
Jean-Marie Leclair : Scylla et Glaucus
Pancrace Royer : Le Pouvoir de l’Amour
François-André Philidor : Ernelinde, Princesse de Norvège
Bernard de Bury : Les Caractères de la Folie
Niccolò Piccinni : Atys
Christoph Willibald Gluck : Iphigénie en Tauride
François Francoeur et François Rebel : Ballet de la Paix
Antoine Dauvergne et André-Cardinal Destouches : Callirhoé Chantal Santon-Jeffery (La Renommée), Emöke Barath (La Gloire), Thomas Dolié (Apollon)
Purcell Kórus, Orfeo Zenekar, György Vashegyi (direction)
C. Santon-Jeffery (© C. H. Jeffery)
En partenariat avec le Centre de musique baroque de Versailles (CMBV) depuis plusieurs années, le chef hongrois György Vashegyi fêtait hier soir les vingt-cinq ans de l’ensemble sur instruments d’époque Orfeo et du Chœur Purcell, deux formations qu’il a créées lors de ses études à Budapest: une soirée en forme de consécration pour les forces hongroises qui se produisaient pour la première fois en France, qui plus est dans le cadre majestueux de l’Opéra de Versailles. Outre plusieurs disques édités avec le concours du CMBV (voir par exemple Adrien de Méhul), c’est en concert que György Vashegyi nous avait impressionné en début d’année, lors d’une soirée dédiée à Mondonville, démontrant toute la qualité de son chœur et l’engagement de ses troupes, au premier rang desquelles le vétéran Simon Standage. On retrouvera d’ailleurs prochainement l’édition discographique de cette version de concert d’anthologie, tout comme cette soirée versaillaise consacrée à un projet inédit autour d’un «opéra pour trois rois» imaginaire, construit en forme de pastiche empruntant à diverses œuvres composées de 1670 à 1780.
On a là pas moins de vingt-cinq extraits d’œuvres lyriques, de ballets et de symphonies écrites pendant cette période par les plus grands noms, de Lully à Rameau en passant par Gluck et Piccinni (ces deux derniers dans des œuvres en français, à l’instar des autres opéras), mais aussi par des compositeurs parfois oubliés tels Colin de Blamont, Royer ou Bury. Si on note une surreprésentation des œuvres lyriques composées sous Louis XV, ces extraits apportent suffisamment de variété pour séduire, tout en privilégiant le spectaculaire, en lien avec la thématique de l’exposition sur les «Fêtes et divertissements à la Cour» qui sera proposée du 29 novembre 2016 au 26 mars 2017 dans la galerie liant la Chapelle à l’Opéra royal. On notera que ce projet se rapproche de celui de L’Olimpiade que Naïve avait lancé voilà quatre ans en réunissant plusieurs compositeurs tous inspirés par le livret de Métastase. Ici, les morceaux choisis par György Vashegyi et Benoît Dratwicki (directeur artistique du CMBV) tiennent le pari d’une trame dramatique autour des figures allégoriques de la Renommée, de la Gloire et d’Apollon, personnages habituels des œuvres de cette époque.
Les trois solistes rassemblés sont parfaitement aguerris à la prosodie de l’opéra baroque français, au premier rang desquels nos chanteurs hexagonaux Chantal Santon-Jeffery et Thomas Dolié, tous deux en résidence au CMBV. La première fait valoir la rondeur de son timbre et ses qualités d’incarnation dramatique, particulièrement en verve dans l’expression des malheurs d’Iphigénie de Gluck, en seconde partie. Thomas Dolié a pour lui cette diction incomparable qui porte le sens au même niveau que le chant: un bel hommage à l’art déclamatoire français, toujours moins virtuose que son équivalent italien à la même époque. On est séduit tout autant par le timbre cristallin de la ravissante Emöke Barath, soprano hongroise évidemment plus à la peine côté diction, mais qui parvient à émouvoir elle aussi, notamment dans l’extrait de Castor et Pollux de Rameau.
A leurs côtés, l’impeccable Chœur Purcell affiche une superbe toujours aussi éclatante, fondée sur une étonnante maîtrise de la prononciation du français, tandis que György Vashegyi dirige avec une énergie vorace, là où on aurait aimé – ici et là – davantage de retenue et de respiration, ainsi qu’une plus grande assise dans les graves. Mais gageons que les sessions d’enregistrement sauront gommer cet excès d’enthousiasme versaillais, bien compréhensible pour une première.
Florent Coudeyrat
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