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Le mystère Varady

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/29/2001 -  
Richard Wagner: Die Walküre: acte I
Götterdämmerung: Lever de soleil. Voyage de Siegfried sur le Rhin. Mort de Siegfried et marche funèbre. Immolation de Brünnhilde

Julia Varady (Sieglinde), Poul Elming (Siegmund), Kurt Moll (Hunding)
Marilyn Zschau (Brünnhilde)
Das Orchester der Deutschen Oper Berlin, Christian Thielemann (direction musicale)

Viendra t-elle ou pas ? Depuis son retrait des scènes, chaque apparition de Julia Varady fait figure d’événement, surtout en dehors de Vienne ou Berlin où elle continue à se produire dans des représentations d’opéra en concert (récemment elle vient d’aborder Odabella d’Atilla dans la capitale autrichienne) ; et à chaque fois, le suspense est grand tant cette cantatrice a l’habitude d’annuler au dernier moment, ainsi qu’elle l’a fait il y a quelques jours au Châtelet où elle devait interpréter les quatre derniers Lieder de Richard Strauss.
La venue à Paris du Deutsche Oper Berlin était aussi attendue comme un événement, surtout dans l’optique de découvrir son prometteur directeur musical (depuis 1997)Christian Thielemann en dehors de la polémique actuelle qui l’oppose à Daniel Barenboïm son rival de l’ «autre » Opéra de Berlin.
Que dire de la soirée (la première de deux programmes totalement différents puisque le lendemain, un concert uniquement symphonique était proposé), sinon que ce fut une grande déception, surtout dans sa première partie qui présentait le premier acte de die Walküre.
Si Julia Varady était bien au rendez-vous en Sieglinde, elle se fit par ailleurs remplacer par Marilyn Zschau dans l’Immolation de Brünnhilde qu’elle avait prévue de chanter à l’origine.
Mais à aucun instant Varady ne fut Sieglinde, malgré des moyens vocaux encore impressionnants, mais peut-être plus adaptés au répertoire italien qu’à Wagner. Les souvenirs de cette interprète inoubliable à la Bastille dans Nabucco, si impliquée, si forte alors ne nous préparait pas à cette interprétation aussi froide, aussi appliquée même, le nez plongé dans sa partition sans aucun regard vers ses partenaires ; elle ne commença à se «donner » que dans les dernières minutes, et encore sans l’intensité d’une Rysanek, certainement moins parfaite techniquement mais qui laissa à Paris une toute autre impression, même en version de concert. Poul Elming était manifestement en difficulté, qu’on espère passagère car après un début honorable, la voix était trop basse et sans projection et la fin de l’acte l’a trouvé en détresse. Kurt Moll garde cette splendide et impressionnante voix de basse profonde qui fait merveille dans ce rôle (on se réjouit de le savoir revenir la saison prochaine au Palais-Garnier en Sarastro). Le problème majeur cependant était causé par la direction lourde et tonitruante de Thielemann (ah, ces bonds de deux mètres sur le podium !), ne montrant que les défauts d’une phalange imparfaite : imprécision, décalages, cuivres approximatifs... L’acoustique du Théâtre des Champs-Elysées n’arrangeant pas les choses, les chanteurs étaient souvent couverts derrière ce clinquant qui ne cherchait qu’à en mettre plein la vue !
La seconde partie révélait par contre des qualités plus évidentes, le Götterdämmerung se prêtant peut-être mieux à la vision excessivement emphatique d’un chef à redécouvrir dans d’autres circonstances. Marilyn Zschau a le mérite de tenir le rôle de Brünnhilde avec des moyens adéquats et l’engagement qui faisait défaut à Varady.
Finalement, pour en revenir à celle-ci, le paradoxe est qu’elle semble avoir véritablement besoin de la scène pour être totalement convaincante alors qu’elle la rejette désormais irrévocablement. D’où peut-être ce décalage entre les attentes et le résultat…



Christophe Vetter

 

 

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