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Un minimalisme décanté

Paris
Cité de la musique
11/12/2016 -  et 13 novembre 2016 (Köln)
Steve Reich : Pulse – Runner
Lou Harrison : Concerto pour orgue et orchestre de percussions
John Cage : Credo in Us

Hermann Kretzschmar (orgue)
Ensemble Modern, Brad Lubman (direction)


S. Reich (© Wonge Bergmann)


La Cité de la musique fête les 80 ans de l’un des pères du mouvement minimaliste à travers deux créations françaises. Entourée par celle de ses compatriotes John Cage et Lou Harrison, la musique de Steve Reich (né en 1936) est défendue par l’Ensemble Modern, prosélyte européen de la première heure du compositeur dont la notoriété dépasse le cercle restreint de la «musique contemporaine».


Dans Pulse (2015), Reich a «ressenti le besoin de garder la même harmonie en confiant aux vents et aux cordes des lignes mélodiques plus lisses qui se déroulent en canon au-dessus d’une pulsation constante à la basse électrique et/ou au piano». Une partition qui gagne beaucoup à être vécue au concert tant le disque peut avoir un effet pervers: si l’on croit saisir le principe répétitif qui préside à son élaboration, il suffit d’un instant d’inattention pour qu’elle verse dans la musique d’ameublement... ce qu’elle n’est assurément pas! La polyphonie, finement ouvragée, repose moins sur des bases verticales que sur le tissage horizontal des lignes mélodiques élaboré par deux flûtes, deux clarinettes et cordes (amplifiées).


Plus étoffé, l’effectif de Runner (2016) dessine des têtes de motif finement ciselés qui se dissipent dans l’arrière-plan sonore dispensé notamment par les deux pianos. Reich joue du déphasage entre un tempo plus ou moins constant et les différentes valeurs de note (doubles croches égales, croches accentuées...) prises comme modèle de chacun des cinq mouvements. Comme souvent avec l’auteur de Music for 18 Musicians, l’œuvre intègre le discontinu dans le continu, même si l’on perçoit désormais une sorte de minimalisme décanté.


Credo in Us (1942) de John Cage (1912-1992) demeure aux côtés de Forever and Sunsmell (1943) la seule pièce de son catalogue entièrement destinée à des danseurs. Elle se situe à la jonction entre deux périodes: celles des œuvres pour piano préparé et des Imaginary Landscapes d’une part, dans le sillage de Ionisation (1931) de Varèse, et les œuvres futures laissant une place grandissante au hasard par l’utilisation de postes de radio dont le rendu est aléatoire. Cage semble provoquer à plaisir en juxtaposant des séquences composites: ainsi une émission d’information est-elle régulièrement interrompue par un accord sentencieux du piano avant que ce dernier ne «flirte, non sans humour, avec le style boogie-woogie et même la musique de cow-boy».


Le Concerto pour orgue (1973) de Lou Harrison (1917-2003), donné en première française, est autrement plus intéressant. Il n’est pas sans évoquer Delusion of the Fury de Harry Partch (1901-1974), donné lors du dernier festival Manifeste (voir ici), dans son utilisation de percussions hétéroclites. On perçoit au centre un explicite hommage à Bach (le fameux thème B-A-C-H) encadré par deux mouvements de caractère énergique où le soliste exécute de larges clusters à l’aide d’une plaque. La salle, archicomble, a réservé un triomphe bien mérité aux musiciens de l’Ensemble Modern, menés par la direction crépitante de Brad Lubman.



Jérémie Bigorie

 

 

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