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«A la rencontre de Gilbert Amy» (3) Paris
Maison de la radio
11/06/2016 -
Thomas Lacôte : Rursum funde (creation)
Philippe Hurel : ... à mesure
Gilbert Amy : Explorations chromatiques II (création) – Cors et cris
Antoine Dreyfuss, Hugues Viallon (cors)
Ensemble Court-Circuit, Julien Leroy (direction)
J. Leroy
Première œuvre pour ensemble instrumental de Thomas Lacôte (né en 1982), Rursum funde agit tel un pedigree: son expérience d’organiste se répercute sur l’instrumentarium (piano, percussion, clarinette basse, violon, alto, violoncelle), dont les éléments se voient combinés comme autant de registrations. Mais au son étale et continu de celui que Berlioz, dans son Traité d’instrumentation, surnomme ironiquement «le pape des instruments», Lacôte adjoint l’idée du mouvement, de l’énergie. On retrouve, à l’échelle macro-structurelle, la forme bien connue crescendo – diminuendo: très poétique, la dernière partie réalise une fusion des matériaux, inaugurée par l’unisson de la clarinette basse et du violoncelle sur lequel les autres instruments inscrivent des événements punctiformes.
Créé par Pierre-André Valade et Philippe Hurel, l’Ensemble Court-Cirtcuit est un familier de la musique de ce dernier, d’une vitalité d’emblée reconnaissable. ... à mesure (1997) semble partir dans toutes les directions, porté par la faconde intarissable des musiciens, avant de se polariser sur un unisson martelé. «Même jeu», disent les didascalies de théâtre: leurrant l’auditeur par de fausses réexpositions, la musique reprend de plus belle, comme si elle s’auto-générait au fur et à mesure de sa progression. Le toujours excellent Julien Leroy parvient à maîtriser sa rythmique périlleuse et à insuffler les nouveaux départs.
Après la création d’Explorations chromatiques II pour deux cors, où transitaient les souvenirs du cor romantique, la pièce Cors et cris (2012) pour ensemble et dispositif électronique en temps réel s’avère l’œuvre récente la plus aboutie de Gilbert Amy. Elle atteste son intérêt porté au mouvement baroqueux en ce qu’elle emploie le cor à piston à la manière d’un cor naturel («avec le concours des lèvres, sans emploi des pistons»). Ni cosmétique ni envahissant, l’usage de l’électronique fait mouche en donnant à percevoir les différents harmoniques de l’instrument, exploités en temps réel. Le début procède à la manière d’un rituel, entre antienne des deux cors et jeux de cloches tubulaires, mais une véhémence, toute terrestre celle-là (le cor devient corps), se propage à l’ensemble de l’effectif sans que chaque instant ne donne l’impression d’avoir été «entendu». Ainsi se referme cette «Rencontre avec Gilbert Amy», compositeur – rappelons-le – toujours en activité, et dans la pleine maîtrise de son art.
Le site de Thomas Lacôte
Le site de Philippe Hurel
Le site de Julien Leroy
Le site de l’Ensemble Court-Circuit
Jérémie Bigorie
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