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L'Homme qui ne voulut pas être roi

Paris
Opéra National de Paris Garnier
05/30/2001 -  et 2, 5, 9, 12 , 15, 18, 20 juin 2001
Wolfgang Amadeus Mozart: La clemenza di Tito, K. 621
Charles Workman (Tito, Christine Goerke (Vitellia), Anna-Maria Panzarella (Servilia), Vesselina Kasarova (Sesto), Kimberly Barber (Annio), Nicolas Cavallier (Publio)
Choeur et Orchestre de l'Opéra National de Paris, Gary Bertini (direction musicale)
Willy Decker (mise en scène), John Macfarlane (décors et costumes), Hans Toelstede (lumières)

Retour bienvenu de cette production où le caractère un peu répétitif des effets scénographiques (dispositif fort judicieusement conçu au demeurant sur le plan acoustique) est compensé par une direction d'acteurs remarquablement fine et intelligente, Decker s'avérant peut-être le metteur en scène qui aura doté cette trame en apparence froide de la plus grande densité humaine - au delà des Hermann même. Workman est, comme comédien, le Titus idéal dans ce cadre, séduisant et fragile, noble et touchant en homme qui ne voulait pas être roi. Le timbre conserve la juste couleur du baryténor, le musicien demeure considérable ; malheureusement, le registre aigu poursuit sa dégradation, et la voix manque partout d'éclat et de projection, ce que l'identification au personnage ne saurait seule expliquer.


Peut-être le trac de ses vrais débuts sur la scène parisienne a-t-il empêché Kimberly Barber de laisser une plus forte impression, comme actrice et comme chanteuse (que d'acidités !). Il faut dire que la création nous avait laissé le souvenir de Kirchschlager, alliée à Christine Schäfer en un magique duo. Anna-Maria Panzarella reprend mieux le flambeau de la seconde, dans une optique totalement différente, incarnation terrienne et non dénuée d'humour, timbre riche en fruit. On est heureux de voir ainsi s'affirmer la carrière de la jeune française, comme celle de Nicolas Cavallier, Publio entièrement idoine. Von Otter sera toujours à nos yeux le Sesto absolu de notre époque, mais la prestation de Kasarova, une fois encore, atteint des sommets. Elle eut à Salzbourg, quelques années plus tôt, des piani insensés et morbides qui faisaient pleurer les murs du Kleines Festspielhaus. La voix cherche aujourd'hui davantage l'épaisseur, abuse parfois des sons de poitrine ouverts, la pulsation rythmique des phrases n'est pas toujours d'une absolue netteté, mais le timbre riche, la véhémence de l'expression, cette manière de tout mettre en jeu dans la guirlande soudain allégée des vocalises transportent justement l'auditoire. Varady ayant quitté la scène, Goerke est-elle la meilleure Vitellia d'aujourd'hui ? On serait tenté de le croire, car si ni les couleurs du timbre, ni le maintien sur scène n'enthousiasment vraiment, la profondeur de ce vrai falcon, l'impact de la projection et la longueur du souffle s'allient à un tempérament théâtral évident et un authentique souci du style (elle est la seule à varier avec imagination ses da capo).


Le plaisir d'ensemble que nous vaut cette soirée est hélas gâché par la direction de Gary Bertini, dont le Mozart devient de plus en plus incompréhensible. Ce n'est pas tant la rapidité du tempo qui pose problème (quoiqu'il ne serait pas inutile de laisser articuler dans le finale des instrumentistes de l'Opéra pour un soir en petite forme) que l'absence d'un rubato sensible, de nuances plus fines et plus en phase avec le drame. Nul doute que les chanteurs, avec un chef attentif à la respiration des phrases, iraient plus loin encore.



Vincent Agrech

 

 

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