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Nucci et Arrivabeni sauvent Nabucco

Liège
Opéra royal de Wallonie
10/18/2016 -  et 19, 20, 22, 23*, 25, 26, 28, 29 octobre 2016
Giuseppe Verdi: Nabucco
Leo Nucci*/Ionut Pascu (Nabucco), Virginia Tola*/Tatiana Melnychenko (Abigaille), Orlin Anastassov*/Enrico Iori (Zaccaria), Giulio Pelligra*/Christian Mogosan (Ismaele), Na’ama Goldman (Fenena), Roger Joakim (Il Gran Sacerdote), Anne Renouprez (Anna), Papuna Tchuradze (Abdallo)
Chœurs de l’Opéra royal de Wallonie, Pierre Iodice (chef des chœurs), Orchestre de l’Opéra royal de Wallonie, Paolo Arrivabeni (direction)
Stefano Mazzonis di Pralafera (mise en scène), Alexandre Heyraud (décors), Fernand Ruiz (costumes), Franco Marri (lumières)


(© Lorraine Wauters/Opéra royal de Wallonie)


Un phénomène. A l’Opéra royal de Wallonie, Leo Nucci montre encore, à soixante-quatorze ans, de la vaillance et du style en Nabucco. Il compose son personnage en artiste et contourne habilement les difficultés en tenant compte de ses possibilités, qui s’amenuisent forcément avec le temps, en particulier l’émission, plus inégale que l’intonation et le phrasé. Maîtrisant le souffle et projetant puissamment sa voix, qui reste agile, le chanteur exploite un timbre magnétique mais il n’offre qu’un jeu ordinaire sur le plan théâtral. Autre motif de satisfaction : la direction vigoureuse, racée et sans fioriture de Paolo Arrivabeni. Le directeur musical soutient le drame sans mettre le plateau en danger, grâce à des tempi sensés, tandis que l’orchestre affiche une tenue d’ensemble remarquable et livre de fines interventions solistes.


Le baryton et le chef sauvent le spectacle du naufrage. Le reste de la distribution de ce dimanche après-midi laisse, en effet, à désirer, à commencer par Virginia Tola, qui n’a pas tout à fait la capacité d’affronter la redoutable tessiture d’Abigaille. Cette soprano à la voix astringente atteint péniblement le haut du registre, où elle tonitrue ses aigus, ne descend dans les graves qu’avec parcimonie, s’épanouit plus naturellement dans le medium, mais soude imparfaitement les registres. Négligeant la netteté des vocalises, elle réussit, toutefois, son duo avec Nabucco en troisième acte, mais dans son dernier air, la ligne s’effiloche et le timbre perd de sa substance.


Orlin Anastassov livre en Zaccaria une piètre performance : émission instable, profondeur et puissance limitées, timbre anémié, style sacrifié. Dans ce chant mal dégrossi, il n’y a rien à sauver. Malgré un timbre nasal et une émission resserrée, Giulio Pelligra expose, par contre, un métier intéressant, tandis que Na’ama Goldman chante Fenena avec application, bien qu’elle ne se détache que dans le dernier acte. Le Grand Prêtre de Baal permet de retrouver un fidèle parmi les fidèles, Roger Joakim, une fois de plus digne de son rôle. Les chœurs préparés par Pierre Iodice se révèlent unis, énergiques et nuancés, mais peu habités, notamment dans un « Va pensiero » sobre mais exprimant peu d’émotion.


La mise en scène ringarde et simpliste de Stefano Mazzonis di Pralafera abandonne les chanteurs à leur sort. Se voulant fidèle à l’esprit de l’œuvre, elle recourt à une symbolique naïve, repose sur une direction d’acteur insipide, comporte des maladresses : la figure de Don Quichotte vient ainsi à l’esprit lorsque Nabucco paraît sur un faux cheval bariolé, la destruction de l’idole de Baal provoque des rires dans la salle, Abigaille effectue d’étranges va-et-vient durant un changement de décor. Parlons plutôt de mise en place à l’ancienne, dans le cas de cette production dépourvue d’intentions fortes. Fermer les yeux pour tenter d’apprécier la musique serait toutefois injuste pour le décor, plus abstrait et moins lourd qu’habituellement, les costumes, fort somptueux, et les lumières, très élaborées, à condition d’apprécier le spectre choisi, d’un goût discutable – du bleu, du mauve, du violet, surtout. Le directeur général et artistique mettra encore lui-même en scène les deux autres opéras de Verdi de la saison, Jérusalem et Otello. Il ne faut pas s’attendre à un miracle.



Sébastien Foucart

 

 

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