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Ouverture de saison vériste

Toulon
Opéra
10/04/2016 -  et 7, 9 octobre 2016
Pietro Mascagni : Cavalleria rusticana
Deniz Yetim (Santuzza), Marie-Ange Todorovitch (Mamma Lucia), Anna Kasyan (Lola), Lorenzo Decaro (Turridu), Carlos Almaguer (Alfio)
Ruggero Leoncavallo : Pagliacci
Anna Kasyan (Nedda, Colombina), Badri Maisuradze (Canio, Pagliaccio), Carlos Almaguer (Tonio, Taddeo), Charles Rice (Silvio), Giuseppe Tommaso (Beppe, Arlecchino)
Chœur, Maîtrise et Orchestre de l’Opéra de Toulon, Giuliano Carella (direction musicale)
Paul-Emile Fourny (mise en scène), Sylvie Laligne (réalisation de la mise en scène), Benito Leonori (décors), Giovanna Fiorentini (costumes), Patrick Méeüs (lumières)


(© Frédéric Stéphan)


Pour son ouverture de saison, l’Opéra de Toulon met à l’affiche le doublé vériste le mieux inscrit au répertoire. Nonobstant une relative divergence stylistique entre les deux pièces, Cavalleria rusticana et Pagliacci, la parenté des intrigues – une histoire de jalousie conjugale qui vire au drame meurtrier – prime généralement, et la mise en scène de Paul-Emile Fourny ne manque pas de s’en faire l’écho. Reprise par Sylvie Laligne, la production s’appuie essentiellement sur les décors de Benito Leonori: un massif rocheux pour l’opus de Mascagni, que l’on recouvre de fripes dans Leoncavallo afin de mettre en avant les bigarrures, également économiques et sentimentales, des personnages. Côté sicilien, le folklore se lit dans les costumes pastel dessinés par Giovanna Fiorentini et l’essence populaire de la foule figée par les chœurs, le tout galbé par les lumières de Patrick Méeüs, pour un résultat effleurant la carte postale, au diapason de l’ouvrage, tandis que dans le cirque calabrais, la violence de l’arène affective s’appuie sur un jeu d’acteurs tributaire de l’instinct théâtral des solistes.


Dominant le plateau de Cavalleria, Deniz Yetim imprime à Santuzza la chair et la chaleur d’une voix qui n’attend pas les années pour s’épanouir: on ne peut que saluer l’oreille de Claude-Henri Bonnet, offrant à la soprano turque de remarquables débuts français, où s’entendent les promesses d’un engagement dramatique et d’une solidité technique déjà bien affirmés. Les choix avisés du directeur toulonnais se reconnaissent également dans l’attention qu’il porte à Anna Kasyan, interprète accomplie insuffisamment célébrée en France venue pour une Despina varoise l’an dernier et qui, pour être une Lola de caractère, livre le meilleur de son talent dans une Nedda subtile, attentive à la fragile limite entre composition et réel dans sa confrontation avec Pagliaccio, où son époux Canio – Badri Maisuradze à l’intonation fébrile – la tire hors de son masque de Colombina. Sa manière de calibrer l’intensité du mot et de la note nous vaut l’une des plus séquences les plus réussies de la soirée. L’on ne manquera pas l’efficacité de la Mamma Lucia assurée par Marie-Ange Todorovitch, quand Lorenzo Decaro n’ignore pas le lyrisme impulsif de Turridu. Plus équilibré que dans d’autres incarnations, Carlos Almaguer réserve un Alfio sanguin qui n’abdique pas de son honneur, avant de souligner la vilenie jalouse de Tonio. Mentionnons encore le Beppe estimable de Giuseppe Tommaso, ainsi que le Silvio juvénile de Charles Rice. S’il a quitté ses fonctions de directeur musical, Giuliano Carella n’en a pas pour autant abdiqué de sa relation privilégiée avec l’Opéra de Toulon. Plus encore que dans la mosaïque habile de Pagliacci, c’est dans le Mascagni que son savoir-faire trouve en l’orchestre de la maison un partenaire à ses intentions, anoblissant la partition au-dessus de ses penchants aux confins du racolage sentimental.



Gilles Charlassier

 

 

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