About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Hommage à Philippe Beaussant

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/17/2016 -  et 13 (Poitiers), 14 (Dijon), 16 (Gent) octobre 2016
Johannes Brahms : Vier ernste Gesänge, opus 121 – Ein deutsches Requiem, opus 45
Ilse Eerens (soprano), Kresimir Strazanac (baryton)
Collegium Vocale Gent, Orchestre des Champs-Élysées, Philippe Herreweghe (direction)


P. Herreweghe (© Michiel Hendryckx)


Depuis longtemps, Philippe Herreweghe a étendu son répertoire de la musique baroque à la musique romantique et postromantique, Johannes Brahms (1833-1897) trouvant là une place de choix dans ses interprétations. Souvenons-nous par exemple d’une fringante Quatrième Symphonie donnée en ce même lieu voilà deux ans et rappelons une récente Ouverture tragique donnée au festival de Saintes il y a seulement quelques semaines.


Une fois n’est pas coutume, le concert commença... par des mots. Mots que Philippe Herreweghe adressa au public en mémoire de Philippe Beaussant, homme de lettres et musicologue célèbre disparu le 8 mai dernier à l’âge de quatre-vingt-six ans, auquel ce concert était dédié. Car on l’avait peut-être oublié mais c’est bel et bien Philippe Beaussant qui fonda en 1970 La Chapelle Royale, ensemble qui allait plus tard devenir l’Orchestre des Champs-Elysées, Herreweghe rappelant dans ce très beau discours les nombreuses discussions et les rires qu’il eut avec lui pendant plus de vingt ans...


Le concert put ensuite débuter par les malheureusement rarement donnés Quatre Chants sérieux (1896), où le symphoniste s’épanouit pleinement derrière quatre chants dans lesquels la mort fait figure de fil conducteur. Du sombre «Denn es gehet dem Menschen wie dem Vieh» inaugural au plus léger «Wenn ich mit Menschen und mit Engelszungen redete» conclusif, Philippe Herreweghe dirige un orchestre particulièrement habité, chaque musicien (les envolées des clarinettes et des flûtes dans le premier chant, le basson plaintif dans le deuxième ou les accords sourds des trombones dans le troisième) sachant se mettre au diapason de la voix sourde du baryton Kresimir Strazanac. Doté d’une excellente diction, distillant parfaitement les mots lugubres qui innervent ces quatre chants, il sert parfaitement une partition qu’on n’entend guère en concert et que Philippe lui-même, dans une récente anthologie brahmsienne, n’a pas enregistrée.


En seconde partie, le temps de faire entrer quelques instrumentistes en plus ainsi que le Collegium Vocale de Gand (une soixantaine de chanteurs ce soir), le Requiem allemand, dont Philippe Herreweghe a enregistré une fort belle version, reflet d’un concert donné en 1996 (Harmonia mundi). C’est surtout le chœur que l’on admirera ce soir: d’une justesse impeccable tant au sens premier du mot qu’en termes de couleurs et de variations requises selon la partie chantée, il fut une fois encore à la hauteur de sa réputation. Les deux solistes furent bons sans être exceptionnels: si Kresimir Strazanac n’adopte pas toujours le caractère altier qu’on aurait aimé entendre, c’est surtout Ilse Eerens qui déçoit en raison d’une projection assez faible et d’une voix pas toujours bien assurée. Côté musiciens, l’Orchestre des Champs-Élysées souffre parfois d’une certaine sècheresse, voire d’une franche verdeur – les violons dans la deuxième partie («Denn alles Fleisch, es ist wie Gras») –, mais se montre généralement en parfaite adéquation avec le climat souhaité par Herreweghe qui, faisant toujours montre d’une direction extrêmement fluide, nous livre là une fort belle version d’un des chefs-d’œuvre de Brahms.


Même si ce n’est que dans quelques mois, profitons-en pour rappeler que le chef flamand sera de retour au Théâtre des Champs-Elysées avec son orchestre pour fêter les vingt-cinq ans de celui-ci autour d’une intégrale des symphonies de Beethoven du 14 au 18 mars prochain.


Le site d’Ilse Eerens
Le site de Kresimir Strazanac
Le site de l’Orchestre des Champs-Élysées
Le site du Collegium Vocale de Gand



Sébastien Gauthier

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com