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Paris
Philharmonie
10/14/2016 -  
Richard Wagner : Lohengrin: Prélude – Parsifal: Prélude et Enchantement du Vendredi Saint
Richard Strauss : Tod und Verklärung, opus 24 – Till Eulenspiegels lustige Streiche, opus 28

Koninklijk Concertgebouworkest, Andris Nelsons (direction)


A. Nelsons (© Marco Borggreve)


De nouveau à la Philharmonie de Paris après ses passages remarqués en mars 2015 et février 2016, l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam offrait en cet automne un magnifique programme, cette fois purement orchestral, sous la direction d’Andris Nelsons, un chef régulièrement invité par cette phalange depuis 2008, et dont on connaît les affinités avec Wagner et Strauss.


Débuter un concert par le Prélude de Lohengrin est délicat. Mais Andris Nelsons réussit dès les premières mesures à capturer l’attention et à imposer le silence en obtenant des cordes d’incroyables pianissimi en même temps qu’un mélange des textures qui semblent comme fusionner, tout en soulignant les riches harmonies de cet étonnant début. La suite n’est que ravissement tant la sonorité de l’ensemble comme des différents pupitres, l’écoute mutuelle et la ligne sont au service de l’expression. Même constat dans le Prélude de Parsifal même si un étonnant décalage vient troubler les premières secondes de l’exécution. La progression est ici aussi conduite avec une maîtrise hors du commun et un sens du fondu qui sied à une musique d’une exceptionnelle élévation. La trompette d’Omar Tomasoni qui illumine la Philharmonie de sa présence rayonnante est à la hauteur de l’enjeu. Même émerveillement lors d’un «Enchantement du Vendredi Saint» raffiné et d’une réalisation orchestrale millimétrée (notamment les fabuleux pizzicati d’un pupitre de contrebasses anthologique et le hautbois touchant d’Ivan Podyomov, récemment arrivé dans l’orchestre).


Le changement de monde sonore est total avec Richard Strauss, mais ici aussi la réalisation et la maîtrise sont fabuleuses. Cette seconde partie débute avec un Mort et Transfiguration qui emporte tout sur son passage. Du pianissimo initial qui installe le récit et permet à chaque soliste de l’orchestre de briller, jusqu’aux déchaînements des tutti ultérieurs magnifiquement soutenus par les timbales puissantes de Nick Woud, le kaléidoscope des états d’âme du héros que propose le compositeur est ici magnifiquement illustré par la direction tendue d’Andris Nelsons. La flûte magique de Kersten McCall échange avec bonheur avec le basson capable de formidables nuances de Gustavo Núnez. Quant au premier violon de Vesko Eschkenazy, il est à la fois lumineux et précis.


Le Till Eulenspiegel qui termine ce concert est tout simplement ébouriffant. L’introduction aux cordes d’une élégance racée, les enchaînements qui sont conduits avec précision, les contrastes à juste titre accentués par Andris Nelsons n’empêchent pas, bien au contraire, d’ahurissantes prises de risque des musiciens. La musique devient flamboyance, sa puissance affirmée n’est jamais outrancière, le tout étant au service d’une fête sonore qui n’a jamais paru aussi libre. L’écoute et la circulation internes de la musique, portées ici au plus haut degré, lui permettent de s’exprimer pleinement. L’acoustique décidément généreuse de la Philharmonie de Paris est un atout supplémentaire servant au mieux une telle interprétation. Chaleureusement acclamés par un public charmé, Andris Nelsons et ses musiciens offrent en bis un Prélude du troisième acte de Lohengrin puissant, raffiné et électrisant.


A l’issue de cette soirée exceptionnelle, comment ne pas admirer l’inouïe beauté sonore et musicalité d’un ensemble décidément unique? Quant à Andris Nelsons il apparait sans aucun doute comme l’un des plus grands chefs du moment. Obtenant de l’orchestre une véritable fusion interne de chaque instant il transforme la musique en une incandescence jubilatoire.



Gilles Lesur

 

 

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