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Il Pirata de Bellini par le Chelsea Opera Group

London
Queen Elizabeth Hall
05/20/2001 -  
Vincenzo Bellini: Il Pirata
Nelly Miricioiu (Imogene),Barry Banks (Gualtiero), Matthew Hargreaves (Ernesto), Brian Bannatyne-Scott (Goffredo), Carole Wilson (Adele), Christopher Lemmings (Itulbo),
Chelsea Opera Group Chorus and Orchestra, Christopher Fifield (chef des choeurs), Brad Cohen (direction musicale)

Heureux Londoniens ! La capitale de l’Angleterre possède une vie musicale d’une richesse incroyable ! Outre le Royal Opera House Covent Garden (difficilement accessible au public du fait des tarifs exorbitants des places) et l’English National Opera, qui présente une riche saison dans des conditions beaucoup plus abordables (mais tous les opéras y sont représentés en anglais), de nombreuses compagnies offrent des productions et le South Bank Center, qui n’est pas une merveille architecturale, il faut bien l’admettre, présente de nombreux concerts dans ses trois salles principales : le Royal Albert Hall, gigantesque auditorium, le Queen Elizabeth Hall, aux dimensions plus humaines et la très intime Purcell Room. Le soir, la vue sur l’autre versant de la Tamise des monuments éclairés est superbe.
C’est le Queen Elizabeth Hall (avec son acoustique excellente) qu’a investi l’une des plus dynamiques organisations d’opéras donnés en version de concert pour y célébrer le 200ème anniversaire de la naissance de Vincenzo Bellini, un peu éclipsé par le centenaire de la mort de Verdi. Le choix de Il Pirata est particulièrement bienvenu, cette œuvre étant souvent éclipsée par Norma ou La Sonnambula ; choix périlleux aussi car les deux rôles principaux sont particulièrement difficiles.
La représentation de ce soir fait partie de celles, rares, où tout semble fonctionner dans un état de grâce. Le public londonien, habituellement réservé, a manifesté un enthousiasme délirant, saluant la prestation d’admirables musiciens, et en particulier celle de la grande Nelly Miricioiu, dans son répertoire d’élection.
Celle-ci donne une grande leçon d’interprétation et de bel canto, maîtrisant à la perfection la totalité du rôle d’Imogene. Dans un état vocal d’une fraîcheur époustouflante, la voix claire et bien timbrée, elle vient à bout d’un rôle éprouvant avec une facilité déconcertante. L’aigu est libre, précis, facile, les graves puissants, le reste du registre d’une richesse harmonique autorisant mille variations de la coloration du timbre, ce qui lui permet de caractériser son rôle de son entrée à la scène finale. La virtuosité est sans faille grâce à une technique vocale maîtrisée et n’est jamais gratuite. Nelly Miricioiu : une voix à son zénith atteignant une capacité d’émotion par des dons d’interprète indéniables. La scène finale est donc le point fort de la soirée, déclenchant une ovation bien méritée.
Autour d’elle, les autres interprètes ne déméritent aucunement, même si stylistiquement ils auraient encore à apprendre de Miricioiu. La surprise vient de Barry Banks qui ne m’avait pas laissé de souvenir impérissable, en particulier dans Il Turco in Italia à la Monnaie il y a quelques années. Peut-être un peu légère pour le rôle, la voix triomphe des embûches nombreuses du rôle et l’aigu ne lui pose pas de problème. Matthew Hargreaves possède une voix un peu rocailleuse, qu’il utilise de manière fort intelligente et sa caractérisation convainc ; assurément un chanteur à suivre. Brain Bannatyne-Scott, qui était Bartolo encore la semaine dernière à la Monnaie, est aussi intéressant, tout comme Carole Wilson, mezzo capable de belles sonorités et maîtrisant admirablement le messa di voce , sans oublier dans un rôle accessoire Christopher Lemmings.
Le chœur a une importance capitale dans cette œuvre et le Chelsea Opera Chorus s’est montré sous son meilleur jour, tout comme l’orchestre, dirigé par le jeune chef Brad Cohen, dynamique et précis, manquant peut-être un peu d’expérience dans l’interprétation bellinienne (j’ai regretté un certain manque de variété dans les tempi, si important chez Bellini).
Pour en revenir à Nelly Miricioiu, le hasard faisant bien les choses, sortait ces derniers jours à Londres un merveilleux album chez Opera Rara, intitule Nelly Miricioiu : Bel Canto Portrait, peut-être son plus beau disque jusqu’à présent. Le programme en est particulièrement passionnant car à côté de deux scènes de Belisario et Parisina, on y trouve deux inédits : un large extrait de Emma D’Antiochina de Mercadante , remarquablement interprété et une curiosité : l’air alternatif de Pamira de L’Assedio Di Corinto écrit pour Giulia Grisi par Sir Michael Costa dans le style de Rossini pour la première production de l’œuvre à Londres. Ce disque n’est pas encore sorti en France, mais l’on peut se consoler en écoutant le précédent paru également chez Opera Rara consacré à quelques héroïnes de Rossini.




Christophe Vetter

 

 

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