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Rentrée en fanfare

Versailles
Chapelle royale
09/25/2016 -  et 22 (Brugge), 23 (Antwerpen), 24 (Amsterdam) septembre 2016
Claudio Monteverdi : Selva morale e spirituale (extraits)
Heinrich Biber : Missa Salisburgensis

Collegium 1704, Václav Luks (direction)


V. Luks (© Ondrej Staněk)


Après la rentrée des orchestres parisiens (l’Orchestre national de France, l’Orchestre philharmonique de Radio France, et l’Orchestre de Paris), c’est au tour de Versailles de faire sa rentrée musicale placée, une fois encore, sous le signe d’une incomparable richesse. Qu’on en juge! John Eliot Gardiner, Raphaël Pichon, Hervé Niquet, Thibault Noally, William Christie, Christophe Rousset entre autres chefs dirigeront tant des ouvrages orchestraux ou de musique religieuse que des opéras où l’on peut notamment distinguer l’Orfeo de Rossi, Les Horaces de Salieri, Don Giovanni de Mozart ou Rodelinda de Händel, sans oublier La Cenerentola de Rossini avec Cecilia Bartoli... Une fois encore, on en sortira sans aucun doute ébloui, les concerts investissant les lieux habituels du château, à commencer par l’Opéra royal et la Chapelle royale.


La Chapelle royale justement, où avait lieu ce concert de rentrée, au cours duquel était notamment donnée la rare mais somptueuse Missa Salisburgensis de Heinrich Biber (1644-1704). Créée en 1682 pour les 1100 ans de la ville de Salzbourg, elle avait été exécutée dans un cadre semble-t-il des plus luxuriants, les témoignages de l’époque rappelant avec force détail la beauté des tentures, des habits, de la vaisselle dans laquelle avait été servi le repas. Une gravure conservée à Berlin nous montre d’ailleurs l’exécution de cette messe, plusieurs instrumentistes étant placés aussi bien dans les chaires que dans la nef de la grande cathédrale de Salzbourg, permettant ainsi les échanges entre pupitres instrumentaux (six ensembles) et vocaux (deux chœurs). Or, tel est justement le principal défi qui s’offre à tout chef qui souhaite diriger cette messe: comment préserver la spatialisation souhaitée et faire en sorte que chacun réponde aux uns ou aux autres sans pour autant que tout ne se transforme en un vaste galimatias?


Grand spécialiste de ce répertoire (notamment de Zelenka), Václav Luks a disposé à cette occasion ses musiciens (à commencer par les trompettes, timbales et clarini) en trois endroits différents, dans l’orchestre et tout autour de la balustrade au premier étage du corps central, permettant ainsi aux cuivres de jouer pleinement sur l’écho des différentes voix. Donnée au cours d’une tournée passée notamment par Bruges, Anvers et Amsterdam, cette messe, qui fut pour beaucoup une découverte (il est vrai qu’elle ne bénéficie que de rares interprétations discographiques dirigées par Ton Koopman chez Virgin Veritas, Paul McCreesh chez Archiv Produktion et Sergio Balestracci chez NCA), bénéficia en cette fin d’après-midi d’une excellente interprétation. L’éclat des trompettes et des timbales (parfois perçues de manière un rien assourdie) fut incroyable, l’alliance avec les dorures du maître-autel le rendant encore plus chatoyant. Les deux chœurs et les nombreux solistes requis furent au diapason de cette réussite, chantant parfois avec une jubilation étonnante (le Credo aux accents également parfois presqu’intimistes ou l’entrée en lice de l’«Agnus Dei»!) qui se serait sans doute davantage épanouie dans un lieu plus vaste, la Chapelle royale s’étant parfois révélée un rien exiguë. Devant à certains moments se tourner presque complètement vers le public pour donner le départ aux instrumentistes placés en hauteur de chaque côté de la balustrade, Václav Luks est parvenu sans peine à rendre toute la luxuriance de cette Missa Salisburgensis en dépit d’une direction un peu raide mais qui veillait surtout à éviter les décalages dans une partition foisonnante où les échanges entre pupitres sont souvent périlleux...


En première partie, le chef tchèque avait dirigé une œuvre extrêmement contrastée de Claudio Monteverdi (1567-1643) dont on va fêter l’année prochaine les 450 ans de la naissance. Les extraits du monumental recueil Selva morale e spirituale (1641) présentés mirent en exergue la forte théâtralisation de cette musique où, parmi les solistes vocaux, les deux ténors Václav Cízek et Maciej Gocman ainsi que la basse Stephan MacLeod s’illustrèrent abondamment. Les passages atténués de la partition («Virgam virtutis tuae» dans le Dixit Dominus Secundo) alternent avec une richesse orchestrale impressionnante (au sein du Beatus vir en particulier) qui confèrent à cette première partie de concert une diversité réjouissante. Même si la réverbération a parfois nui à la bonne distinction de chaque voix, l’ensemble dirigé avec conviction par Václav Luks a été excellent.


Une superbe entrée en matière de cette saison versaillaise donc, qui sera diffusée sur France Musique le 1er novembre prochain.

Le site du chœur et de l’orchestre Collegium 1704



Sébastien Gauthier

 

 

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