About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Que tout dise : ils ont aimé

Paris
Théâtre du Châtelet
05/25/2001 -  
Patrick Burgan : Le Lac (création)
Olivier Messiaen : Turangalîla-Symphonie


Maryline Fallot (soprano), Florent Boffard (piano), Valérie Hartmann-Claverie (ondes Martenot)
Orchestre philharmonique de Radio France, Eliahu Inbal (direction)

C’était une véritable gageure de vouloir mettre en musique l’une des plus fameuses pages de la poésie romantique française. D’ailleurs, seul Louis Niedermeyer, au XIXème siècle, semble s’y être essayé. Car dans Le Lac de Patrick Burgan, c’est bien de celui de Lamartine qu’il s’agit. A l’actif de ce défi un peu fou, une orchestration subtile et discrète (bois et cuivres par deux, timbales, deux percussionnistes, piano/célesta) et, surtout, le respect du texte, presque constamment audible, qu’il soit dit, murmuré, chanté ou hurlé. A son passif, une inspiration sans doute inégale, composite, sorte de catalogue de toutes les tendances actuelles, depuis le tonal jusqu’à l’aléatoire. Chacun y trouve apparemment son compte et le succès public est indéniable.


Le chant ne s’élève qu’après une longue introduction orchestrale, commencée par le violoncelle, solo puis concertant, qui se transforme en un lent ostinato. Cette scansion régulière, donnée avec des intensités et des alliages instrumentaux variables, sert de fil conducteur dans cette longue mélodie (vingt-cinq minutes), sans doute pour figurer le temps. Après une intervention de la clarinette basse, la conclusion fait à nouveau intervenir le violoncelle solo, accompagné cette fois-ci du premier violon dans l’extrême aigu, mais les derniers mots (Ils ont aimé) seront prononcés sotto voce et a capella. Maryline Fallot, qui remplace Véronique Gens au pied levé, s’en sort avec les honneurs.


Le poème de Lamartine s'inscrit dans une thématique qui n'est pas sans rappeler celle de la Turangalîla-Symphonie, dont l'univers musical n’est d'ailleurs pas très éloigné de celui de Burgan. Inbal l’investit pleinement de sa forte personnalité, perceptible ne serait-ce que par les encouragements de la voix qu’il donne aux musiciens ou par la relégation des solistes (piano et ondes Martenot) sur les côtés de la scène. Si ce n’est ce déséquilibre purement acoustique, moins défavorable aux ondes Martenot, amplifiées, qu’au piano (Florent Boffard, pourtant cinglant, prenant des risques insensés), cette prestation n’appelle que des éloges, car elle parvient à conjuguer netteté du trait, précision d’ensemble, souci du spectaculaire et restitution du caractère volontairement excessif de cette partition, sans engager pour autant la grosse cavalerie. Après avoir déjà enregistré cette musique (voici déjà près de neuf ans, avec Janowski) et avant, on l’espère, de l’aborder à nouveau avec Myung-Whun Chung, son directeur musical, l’orchestre est en grande forme et suit fidèlement Inbal. Celui-ci donne l’impression d’aller vite, d’autant qu’il enchaîne les quatre premiers et les quatre derniers mouvements : en réalité, ses tempi se situeraient plutôt dans la fourchette lente ; simplement, il parvient constamment à restituer l’énergie vitale de cette partition foisonnante. Difficile de ne pas songer à son expérience du monde de Mahler...




Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com