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Les trois «Van» Amsterdam De Nationale Opera 09/14/2016 - et 16*, 17, 22, 24 septembre 2016 Episodes van Fragmenten Toer van Schayk (chorégraphie, costumes), Eugène Ysaÿe (musique), Bert Dalhuysen (lumières)
Vier letzte Lieder (*)
Rudi van Dantzig (chorégraphie), Richard Strauss (musique), Toer van Schayk (décors, costumes, lumières)
Adagio Hammerklavier (**)
Hans van Manen (chorégraphie), Ludwig van Beethoven (musique), Jean-Paul Vroom (décors, costumes)
Requiem
Toer van Schayk (chorégraphie, décors, costumes, lumières), Wolfgang Amadeus Mozart (musique)
Het Nationale Ballet
Barbara Haveman(*), Machteld Baumans (sopranos), Helena Rasker (alto), Marcel Reijans (ténor), Frans Fiselier (baryton), Jeroen van der Wel (violon), Olga Khoziainova (**), Michael Mouratsch (piano), Toonkunstkoor Amsterdam, Boudewijn Jansen (chef de chœur), Het Balletorkest, Matthew Rowe (direction musicale)
Vier letzte Lieder (© Hans Gerritsen)
Après un véritable gala au programme surprise avec deux cents danseurs, la compagnie nationale néerlandaise Het Nationale Ballet vient d’ouvrir sa saison avec un programme à la fois luxueux et nostalgique, au titre à l’évidente référence picturale, «Hollandse Meesters», concocté en l’honneur de Toer van Schayk (né en 1936), personnalité éminente du paysage chorégraphique national, dont on fête ce mois ci le quatre-vingtième anniversaire.
C’est bien naturellement par un court film-portrait, montage d’hommages et d’images d’archives habilement réalisé par Mathieu Grémillet, qu’a commencé la soirée au copieux programme. Il s’agissait surtout de faire connaître aux générations émergentes la singularité de cet artiste complet, ayant dansé, créé de nombreuses chorégraphies, notamment en collaboration avec Rudi van Dantzig (Amsterdam, 1933-2012 et directeur de la compagnie de 1969 à 1991), également plasticien créateur de nombreux décors et costumes a la fabrication desquels il n’hésitait pas à mettre la main lui-même.
La soirée se voulait aussi un hommage a un certain âge d’or de la compagnie, soutenue pendant les années soixante et soixante dix par les «trois Van», les deux déjà cités et l’immense Hans van Manen (né en 1932), celui des trois dont la réputation en Europe est la plus affirmée. Mais quelle pédagogie dans ces choix et décisions! Car même si aujourd’hui la compagnie danse à guichets fermés et de jeunes chorégraphes ont pris brillamment la relève, il était important, pour un public sans cesse plus jeune et renouvelé (au contraire de celui de l’opéra et des concerts) et pour les nombreux touristes qui affluent sans cesse à Amsterdam (et à qui toutes les informations sont offertes en anglais dans le programme de salle), de mettre en parallèle cet âge d’or de la danse néerlandaise avec celui de la peinture hollandaise. A cet effet, un court film de promotion visible sur le site internet du Nationale Opera & Ballet, montre trois couples danser au Rijkmuseum devant La Ronde de nuit de Rembrandt.
Requiem (© Hans Gerritsen)
C’est bien naturellement que la part du lion était réservée à Van Schayk, avec deux pièces: une immense par son projet ambitieux, Requiem sur l’œuvre de Mozart, créée en 1990, et une œuvre plus récente, Episodes van Fragmenten, un pas de deux réalisé sur Extase pour violon et piano (opus 21) d’Ysaÿe et joué sur scène, malheureusement trop au fond de l’espace totalement vide pour que l’on puisse en savourer toutes les subtilités, par Jeroen van der Wel et Michael Moutatsch. Les trois chorégraphes partagent une même identité de style néoclassique et une parenté évidente passe d’une œuvre à l’autre, notamment grâce a tous les danseurs de cette magnifique compagnie totalement rompue à ce style. Le soir de la première, le ministre de la culture néerlandais a élevé le chorégraphe à la dignité d’officier dans l’Ordre d’Orange-Nassau.
Adagio Hammerklavier (© Hans Gerritsen)
Ces deux œuvres encadraient deux chorégraphies majeures des deux autres «Van», Quatre derniers Lieder pour Van Dantzig, magnifique course-poursuite de quatre couples surveillés par un ange (Jared Wright, extraordinaire de sérénité) devant un superbe paysage de montagnes peint par le chorégraphe et chantés – hélas! – un peu trop dans la fosse par le soprano néerlandais Barbara Haveman. De Van Manen, une œuvre sur pointes de 1973, Adagio Hammerklavier, réglée pour trois couples sur le troisième mouvement de la Vingt-neuvième Sonate de Beethoven (jouée sur scène par Olga Khoziainova), ode à la décélération selon son créateur, qui, plus de quarante ans après sa création, garde sa fraîcheur des premiers jours. C’est ce que l’on souhaite avec une réserve immense à beaucoup de pièces crées à la hâte de nos jours. Une soirée d’un niveau imbattable hautement pédagogique et superbement dansée.
Olivier Brunel
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