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Chroniques musicales de saint Louis Paris
Cathédrale Notre-Dame
09/13/2016 -
Musique du XIIIe siècle
Ensemble vocal Notre-Dame de Paris, Sylvain Dieudonné (direction)
S. Dieudonné (© Jean-Baptiste Millot)
Ce concert d’ouverture de l’association «Musique sacrée à Notre-Dame» nous met dans les pas de Saint Louis en programmant des musiques contemporaines du roi de France enluminées par des extraits de la Vie de saint Louis de l’historien Jean de Joinville. Lue (en ancien français) entre deux extraits musicaux, cette chronique relate les grandes étapes d’une existence – essentiellement vouée à la foi –, du baptême à la mort, en passant par le mariage, le couronnement et la fameuse croisade à laquelle son règne reste associé.
La musique semble avoir fait partie de la vie quotidienne de saint Louis, particulièrement attaché au culte mariale. Avec pour seul soutien instrumental une vièle médiévale à archet, une flûte (et cornet), une harpe gothique agrémentés par une discrète percussion, l’Ensemble vocal Notre-Dame de Paris dirigé par Sylvain Dieudonné brosse une fresque d’une infinie délicatesse et d’une grande intériorité. Si les compositeurs restent anonymes, les morceaux ont pour nom plain-chant monodique, prose (et séquence), conduit, motet, estampie (danse où l’on frappe les cadences du pied) ou chanson. En dépit d’un effectif relativement réduit (une douzaine de musiciens), Sylvain Dieudonné est parvenu à créer un programme varié où le sacré (motet O quam sancta) voisine le profane (chanson Vos que’m semblatz), les scènes pittoresques (la bataille de Mansourah) les échappées intimes (chanson pieuse L’Autrier matin), les petits effectifs (conduit à deux voix Jerusalem accipitur), les chœurs (quatre et cinq voix, comme dans le final enchaînant la prose Gaudiose Francia au répons Felix regnum).
Sans doute un temps d’adaptation est-il nécessaire à l’appréhension de cette musique typique du Moyen-Age: car si la forme rappelle les livres-disques (Alia Vox) à succès conçus par Jordi Savall autour d’un thème («La Route de la soie») ou d’une personnalité (Cervantès, Raymond Lulle), les forces en présence n’offrent pas les mêmes agréments: tout concourt ici à tisser des liens avec la vie intime du Capétien, éprise de justice et éloignée des fastes du grand siècle. Mais l’attention qu’exige une telle musique du public se révèle des plus profitables pour ce dernier et, oserions-nous dire, des plus «hygiéniques» eu égard au bruit qui envahit de plus en plus nos vies.
Parmi les moments les plus émouvants de ce parcours que l’on pourra retrouver intégralement au disque (1), épinglons la chanson de croisade Tous li mons doit mener joie, pour contre-ténor (Raphaël Mas, jouant aussi du tambour), harpe et vièle, ainsi que les fascinants conduits à deux voix que sont Gaude, felix Francia et Jerusalem accipitur, totalement imprévisibles dans leur déroulé contrapuntique et, à ce titre, d’une modernité fascinante.
(1) Saint Louis, Chroniques et musiques du XIIIe siècle, Ensemble vocal Notre-Dame de Paris, Sylvain Dieudonné (direction), 1 CD Maîtrise Notre-Dame de Paris 006, 2015, 72’
Le site de Musique sacrée à Notre-Dame de Paris
Jérémie Bigorie
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