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Py ne sait faire que du Py

Geneva
Opéra des Nations
09/12/2016 -  et 15, 17, 19, 21, 23, 25, 27 septembre 2016
Jules Massenet : Manon
Patricia Petibon (Manon Lescaut), Bernard Richter (Le Chevalier des Grieux), Pierre Doyen (Lescaut), Rodolphe Briand (Gillot de Morfontaine), Marc Mazuir (Monsieur de Brétigny), Bálint Szabó (Le Comte des Grieux), Mary Feminear (Poussette), Seraina Perrenoud (Javotte), Marina Viotti (Rosette)
Chœur du Grand Théâtre, Alan Woodbridge (préparation), Orchestre de la Suisse Romande, Marko Letonja (direction musicale)
Olivier Py (mise en scène), Pierre-André Weitz (décors et costumes), Daniel Izzo (assistant à la mise en scène et chorégraphie), Bertrand Killy (lumières)


(© GTG / Carole Parodi)


Une atmosphère glauque et sombre entre des parois noires, une plongée dans les bas-fonds avec des rues sordides bordées d’hôtels de passe. Un grand escalier métallique au-dessus duquel scintillent des néons de toutes les couleurs. Des femmes et des hommes nus à foison, symbolisant l’omniprésence de la sexualité et du désir masculin dans son aspect le plus cru et le plus violent. Des figurants tout droit sortis d’un film burlesque et kitsch. La reprise de la Carmen d’Olivier Py à Lyon ? Non. La reprise des Contes d’Hoffmann ou de la Damnation de Faust du même Olivier Py à Genève ? Non, une nouvelle production de Manon pour l’ouverture de la saison 2016-2017 du Grand Théâtre de Genève, dans une mise en scène d’Olivier Py. Une énième production de l’homme de théâtre français, et pourtant le sentiment de toujours voir la même chose. En manque d’inspiration, Olivier Py ne parvient plus à se renouveler et à proposer autre chose que la sempiternelle projection de ses propres fantasmes et obsessions dans ses spectacles. A la longue, le jeu devient lassant. Et à force de vouloir faire dans la provocation, le metteur en scène passe totalement à côté du sujet : le personnage de Manon n’évolue pas, Olivier Py faisant de la jeune provinciale étourdie qui succombe aux tentations de la capitale une prostituée qui, à peine débarquée à Amiens, attend ses premiers clients sur son lit. Un spectacle triste et pathétique.


Heureusement, le plateau vocal fait oublier, en partie, ce ratage scénique. A commencer par la Manon incandescente de Patricia Petibon, à la sensibilité à fleur de peau, bouleversante dans chacune de ses interventions, passant par toute la gamme des sentiments, de l’émotion de « Adieu petite table » à la passion de « N’est-ce plus ma main ». La chanteuse a été très applaudie au rideau final. Son Chevalier des Grieux est le ténor suisse Bernard Richter, particulièrement investi dans son personnage et doté d’un timbre éclatant, mais dont le chant, souvent forcé, manque quelque peu de nuances. On retient également le Lescaut sonore et bien projeté de Pierre Doyen, qui joue ici le maquereau pervers et sans scrupule. Rodolphe Briand et Marc Mazuir incarnent respectivement un Gillot de Morfontaine et un Monsieur de Brétigny truculents, hauts en couleur et parfaitement idiomatiques, alors que Bálint Szabó campe un Comte des Grieux d’une grande noblesse mais à la diction française problématique. Ne parvenant pas toujours à doser l’intensité sonore, le chef Marko Letonja réussit néanmoins à rendre toutes les finesses de la partition de Massenet, à la tête de l’Orchestre de la Suisse Romande. Une ouverture de saison lyrique en demi-teinte à Genève.



Claudio Poloni

 

 

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