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L’instant et la durée

Paris
Philharmonie
09/09/2016 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie concertante pour hautbois, clarinette, cor et basson, K. 297b
Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur

Gregor Witt (hautbois), Matthias Glander (clarinette), Ignacio García (cor), Mathias Baier (basson)
Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (piano et direction)


D. Barenboim (© Thomas Bartilla)


Dernier concert de la première série de l’intégrale des Symphonies de Bruckner par Daniel Barenboim à la Philharmonie – il donnera les trois premières en janvier prochain, les deux dernières dans un an. Voilà plusieurs décennies que le directeur de la Staatskapelle de Berlin porte en lui la musique du compositeur autrichien, dont il est aujourd’hui l’un des meilleurs interprètes – leur intégrale live est disponible en coffret, la troisième pour le chef.


Cette Septième montre d’ailleurs que l’interprétation a évolué, trouvant aujourd’hui le parfait équilibre entre la puissance de la masse, la générosité luxuriante de la sonorité et la fluidité des lignes. Il y a aussi une liberté dans l’agogique, un raffinement dans la dynamique, une souplesse dans le geste qui débarrassent Bruckner de toute grandeur empesée. Il est vrai que l’orchestre est splendide, par le velouté des cordes et la rondeur des vents, sa palette chromatique aussi – déjà notables du temps d’Otmar Suitner, trop oublié ou méconnu en France... notamment dans Bruckner. On a certes perçu quelques scories... on les a oubliées.


Mais le plus grand mérite de Barenboim est sans doute la façon dont il parvient à concilier la beauté de l’instant, où il ne s’interdit pas un certain hédonisme, et le sens de la durée. Il dirige en architecte, sait où il va, assez narratif finalement, sans cesse tendu vers ce qui vient après alors qu’il peut parfois sembler s’attarder, jouant beaucoup sur les silences. En d’autres termes, c’est l’antithèse de Simon Rattle, dont la Huitième ne nous avait pas convaincu (voir ici). Le final, alors qu’il pouvait pâtir d’une baisse de régime dans les interprétations précédentes, est ainsi aujourd’hui impeccablement tenu, culminant, comme l’Allegro moderato initial, sur un grandiose crescendo. La baisse de régime serait plutôt dans le Scherzo, dont le Sehr Schnell manque un peu d’élan – le Trio, en revanche est tout de charme pastoral.


Si le concert associe, comme les précédents, Mozart à Bruckner, le chef ne dirige plus, du clavier, un concerto pour piano, mais la Symphonie concertante pour hautbois, clarinette, cor et basson. On connaît le Mozart de Barenboim, rien moins que « baroqueux » : plus axé sur la rondeur que sur la verdeur, sur l’équilibre que sur les arêtes, d’un classicisme souple et expressif, aux couleurs savoureuses, aux courbes volontiers sensuelles – le contraire du Chailly nouvelle manière. Avec la Staatskapelle et ses quatre solistes, superbes, cela fonctionne évidemment à merveille – poésie à la fois souriante et mystérieuse de l’Adagio, Gemütlichkeit facétieuse des Variations de l’Andante final.



Didier van Moere

 

 

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