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La jeunesse en Bach Clermont-Ferrand Les Ancizes-Comps et Pontaumur 08/09/2016 - et 10* août 2016 9 août, Les Ancizes-Comps (Eglise)
Georg Philipp Telemann : Sonate en trio pour violon, basson et basse continue en fa majeur, TWV 42 F:1
Johann Sebastian Bach : Sonate pour violon et basse continue en mi mineur, BWV 1023 – Sonate en trio en sol mineur BWV 527
Johann David Heinichen : Concerto à 4 pour violon, basson, violoncelle et basse continue en sol majeur
Antonio Vivaldi : Concerto de chambre pour violon, flûte et violoncelle en fa majeur, RV 100 Radio Antiqua: Lucia Giraudo (violon), Isabel Favilla (basson, flûte à bec), Petr Hamouz (violoncelle), Giulio Quirici (théorbe), Claudio Ribeiro (clavecin)
Cela fait désormais plus de quinze ans que Bach en Combrailles s’attache à faire vivre la musique du Cantor de Leipzig dans ce coin de verdure à l’ouest de l’Auvergne. L’année 2016 conclut l’aventure de Patrick Ayrton à la tête du festival, passant le relais de la direction artistique à Vincent Morel, qui concoctera la programmation de l’été prochain. Si elle se referme avec la Messe en si, tel un ultime point d’orgue d’un cycle des grandes œuvres sacrées du compositeur allemand où les Passions ont occupé une place centrale, la présente édition, à l’instar des précédentes, n’oublie pas le répertoire profane, ni la nouvelle génération d’interprètes.
Le concert du mardi 9 août – rayonnant par ailleurs hors de Pontaumur, en l’église des Ancizes – le démontre en mettant en regard Bach et ses exacts contemporains. Enfant d’un cosmopolitisme européen qui prolonge celui des musiciens du siècle des Lumières, l’ensemble Radio Antiqua s’attache avant tout à restituer les couleurs et les saveurs d’un corpus parfois réduit à l’accompagnement dilettante. Auteur d’une production plus que prolifique, Telemann affirme dans sa Sonate pour violon, basson et basse continue en fa majeur son goût des expérimentations dans l’association des timbres, que ne négligent aucunement nos solistes. Le basson d’Isabel Favilla assume, sans ostentation, son rôle de colonne vertébrale de la partition, rehaussant la gourmandise de l’Allegro et du Presto encadrant un Soave délicat. Dans la Sonate pour violon et basse continue en mi mineur de Bach se détache le violon de Lucia Giraudo, au fil de quatre mouvements équilibrant variété et solidarité formelle tandis qu’on la retrouve, un peu plus tard, dans la Sonate en trio en sol mineur, issue d’un original pour orgue en ré mineur (BWV 527), emmenant ses comparses au cœur d’une intériorité lumineuse, progressant d’un Andante vers un Vivace rayonnant, en passant par un Adagio e dolce d’un lyrisme aussi pudique qu’intense. Disparu prématurément, en comparaison de ses collègues et amis, Heinichen réserve avec son Concerto pour violon, basson, violoncelle et basse continue en sol majeur une agréable découverte. Après une introduction Andante, le Vivace fait retentir une écriture généreuse et théâtrale, que confirment l’Adagio et l’Allegro final, où s’exprime sans doute le mieux la complicité entre les pupitres. Quant au Concerto en fa de Vivaldi, aux relents de Tempesta di mare, il vante la volubilité de la flûte d’Isabel Favilla.
10 août, Pontaumur (Eglise Saint-Michel)
Georg Friedrich Haendel : Pièces pour horloge mécanique: Voluntary, Allegro, Menuet & Gigue
Johann Sebastian Bach : Cantate «Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust», BWV 170: 1. Air (transcription Emmanuel Arakélian) – Prélude et fugue en ut majeur, BWV 547
Emmanuel Arakélian (orgue)
Tradition inscrite dans les gènes de Bach en Combrailles, l’audition d’orgue à Pontaumur, sur la réplique de l’instrument dont le compositeur fut titulaire à Arnstadt au sortir de l’adolescence que la ténacité du fondateur du festival, Jean-Marc Thiaillier, fit construire sur ces contreforts du Massif central, dévoile en ce mercredi midi l’admirable maturité d’Emmanuel Arakélian – venu replacer Matthieu Germain – chez lequel la précision analytique ne se fige jamais. Les quatre Pièces pour horloge mécanique de Haendel réjouissent les oreilles par un cisèlement rythmique non dénué de sourire, souligné par un jeu aussi limpide que naturel. Le jeune soliste livre ensuite une habile, sinon subtile, transcription de l’air initial de la Cantate «Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust» de Bach. Quant au Prélude et fugue en ut majeur, il achève de mettre en valeur la clarté de la sonorité de l’instrument, qui se lit dans une remarquable intelligibilité des articulations et de la polyphonie. Assurément, un tel orgue peut remplir son office spirituel.
Gilles Charlassier
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