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Pour Granados

Oviedo
Cloître du Musée archéologique
08/16/2016 -  
Gabriel Fauré : Pavane, opus 50 – Berceuse, opus 16 – Sicilienne, opus 78 (arrangements pour hautbois et piano)
Camille Saint-Saëns : Sonate pour hautbois et piano en ré majeur, opus 166
Georg Philipp Telemann : Fantaisie pour flûte n° 6 en ré mineur, TWV 40:7 (arrangement pour hautbois)
Enrique Granados : Valses poéticos
Wolfgang Amadeus Mozart : Air de concert «Ma che vi fece... Sperai vicino il lido», K. 368 (arrangement pour hautbois et piano)
Robert Schumann : Adagio et Allegro, opus 70 (arrangement pour hautbois et piano)

Pablo Amador (hautbois), Oscar Camacho (piano)


O. Camacho, P. Amador (© Stépahne Guy)


Le festival d’été de musique d’Oviedo proposait, le lendemain du 15 août, un intéressant programme de musique de chambre associant hautbois et piano, notamment au travers d’arrangements et réductions. Varié et exigeant, il permettait à un public plus limité que précédemment d’entendre deux artistes locaux. Leurs prestations furent au total plus qu’honorables et faisant de ce concert un moment bien agréable.


Les pièces de Gabriel Fauré (1845-1924) résultaient d’arrangements puisque la Pavane, la Berceuse (1) et la Sicilienne furent composées respectivement pour orchestre, violon et piano, et violoncelle et piano. Le duo prit sans doute trop rapidement les deux premières pièces. La lecture pécha alors par un manque de respiration et quelques imperfections bien dommageables, les aigus du hautbois, par ailleurs net et charnu, se révélant plutôt aigres. Mais l’ensemble ne manquait pas de tenue et les artistes ne passèrent pas à côté du charme de ces pièces. L’élégance et la transparence de la Sicilienne furent même assez remarquables.


Dans la Sonate (1921) de Camille Saint-Saëns (1835-1921), une de ses œuvres ultimes, on resta frappé par le côté presque mozartien de l’Andantino initial, qui se termine par une suite de trémolos, tandis que le deuxième mouvement, pastoral et bucolique révéla un hautbois bien chaleureux, l’alternance des interventions instrumentales permettant de mettre en valeur l’un ou l’autre des artistes sans pâtir de l’acoustique désastreuse des lieux. Le troisième et dernier mouvement, plus moderne que ce que les mouvements antérieurs laissaient présager, fut une belle démonstration de la virtuosité de Pablo Amador, le piano étant presque étonnamment discret.


Suivit une Fantaisie (1733) de Georg Philipp Telemann (1681-1767), arrangée de la flûte. Longue et bavarde, et vite oubliée comme la plupart des productions industrielles de son auteur, elle mit cependant à très rude épreuve le souffle de Pablo Amador, quelques notes passant à la trappe. La suite du concert devait s’en ressentir.


Oscar Camacho prit opportunément le relais pour les Valses poétiques d’Enrique Granados (1867-1916). Il fut une nouvelle fois clair que le cloître n’était en rien adapté à un instrument aussi puissant que le piano à queue mais on put apprécier malgré tout un jeu tout à fait remarquable d’Oscar Camacho. Sachant varier les couleurs, disposant d’un toucher délicat, manifestant un réel sens musical et poétique, il mena ces valses, n’ayant rien à envier aux meilleures pages d’Albéniz, comme il fallait, sans emphase, avec souplesse, finesse et clarté. Leur lecture, parfaitement idiomatique, fit de l’interprétation d’Oscar Camacho un superbe moment donnant envie de réentendre ce pianiste.


Le retour du hautbois pour un Air de concert (1781) de Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791), adapté de la voix et de l’orchestre, confirma la probité et la belle complicité du duo mais aussi les limites techniques du hautboïste, la Fantaisie de Telemann l’ayant à l’évidence achevé. Mêmes constats dans l’Adagio et Allegro (1849) de Robert Schumann (1810-1856), initialement composée pour cor (ou violoncelle) et piano; le hautbois fut moins net, et l’engagement du duo parut décliner. Il est vrai que ces pages, concentrées, exigent une sorte de bouillonnement intérieur difficile à atteindre au terme d’un concert aussi dense nonobstant sa durée limitée d’une heure.



Stéphane Guy

 

 

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