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The show must go on

Salon-de-Provence
Château de l’Empéri
08/04/2016 -  
Ludwig van Beethoven : Trio pour flûte, basson et piano, WoO 37 – Sonate pour violoncelle et piano n° 3, opus 69 – Sérénade pour trio à cordes, opus 8
Ferdinand Thieriot : Octuor, opus 62 (#)

Emmanuel Pahud (flûte), Paul Meyer (clarinette), Gilbert Audin (basson), Benoît de Barsony (cor), Daishin Kashimoto, Elsa Grether (#) (violon), Amihai Grosz (alto), Aurélien Pascal (#), Zvi Plesser (violoncelle), Olivier Thiery (contrebasse), Eric Le Sage (piano)


Toujours aussi copieuses, les soirées salonnaises au pied des tours crénelées du château de l’Emperi ne sont pas exemptes de surprises – jusqu’à l’an dernier, Harry Bos, le régisseur néerlandais du plateau, venait les présenter au public avec un humour décalé qui manque désormais au festival. Mais tout commence pourtant bien en ce jeudi, devant une assistance un peu plus faible qu’à l’accoutumée, peut-être en raison des menaces d’orage. C’est encore Beethoven qui tient l’essentiel de l’affiche, avec, pour débuter, ce que les musiciens appellent plaisamment un «saucisson», car même les excellents Emmanuel Pahud et Gilbert Audin ne parviennent pas à convaincre que le Trio pour flûte, basson et piano (vers 1786) est autre chose qu’une page de jeunesse assez insignifiante, alors que le basson y est traité aussi bien que la flûte et que l’Adagio central s’aventure en sol mineur: Beethoven était évidemment un génie, mais pas aussi précoce que Mozart, Schubert ou Mendelssohn.


Le concert prend ensuite un tour des plus inattendus. Au lieu de la Quatrième Sonate pour violoncelle et piano annoncée au programme, c’est la Troisième (1808) que jouent Zvi Plesser, manquant de projection et en délicatesse avec la justesse, et Eric Le Sage. Mais voilà, vers la fin du deuxième mouvement (Scherzo), ils sont contraints par la pluie à se replier sous un dais lui-même installé sous les arcades, où les rejoignent une partie des spectateurs, debout ou assis sur la partie de la scène restée à l’abri.


Comme des précipitations plus fortes sont attendues, l’ordre du programme est bouleversé: le dais est déplacé au centre de la scène et entouré de trois larges parasols pour permettre aux artistes de s’installer pour le rare Octuor (1893) de Ferdinand Thieriot (1838-1919). Hambourgeois – comme Mendelssohn ou Brahms mais comme son nom ne l’indique pas – presque exactement contemporain de Max Bruch, cet élève de Rheinberger a notamment dirigé la vie musicale à Graz (1870-1885), laissant une production assez abondante (neuf symphonies, quatre concertos pour violoncelle, des pièces pour piano...). Sans doute trop discret de son vivant, il n’a toutefois pas entièrement sombré dans l’oubli, certaines de ses partitions étant toujours éditées et même enregistrées, notamment cet Octuor dans la même tonalité (sibémol) et pour la même formation que celui de Schubert – il existe par ailleurs un Octuor pour cordes. Assez développé (environ 35 minutes), il adopte une structure en arche, culminant dans son troisième mouvement, seule parenthèse plus sérieuse, voire sombre, dans un climat par ailleurs plutôt serein. Réservant son premier thème au violoncelle, l’instrument du compositeur, cet Adagio molto mesto d’une belle ampleur est entouré de deux brefs mouvements: un délicieux Intermezzo (Un poco vivace), dont la naïveté et le ton populaire évoquent parfois Mahler, et un Scherzo (Allegro vivace) de nature presque symphonique. Les mouvements extrêmes réservent moins de surprises, que ce soit l’Allegro non troppo de forme sonate, introduit par un court Poco adagio, ou l’Allegro moderato, qui conclut sur une note résolument gemütlich. L’écriture, qui se tient sagement entre Schubert et Brahms, tend souvent à opposer cordes et vents, et si le propos traduit davantage le souci de passer un bon moment entre amis (d’excellent niveau) que de révolutionner l’histoire de la musique, il n’en est pas moins agréable.


Les vents et cordes s’accommodent remarquablement de conditions météorologiques qui tendent heureusement à s’améliorer, les éclairs et le tonnerre semblant se contenter de tourner au loin. Faisant fi de l’entracte, les organisateurs veulent en profiter pour donner l’œuvre qui devait précéder celle de Thieriot, la Sérénade pour trio à cordes (1797) de Beethoven – et non pas, comme indiqué dans le programme, le Trio opus 9 n° 2 (confusion venant peut-être de ce que la Sérénade est parfois désignée comme étant le deuxième trio à cordes, suivant celui de l’Opus 3 et précédant les trois de l’Opus 9). Durant la Marche introductive, la pluie redouble et il faut maintenant qu’un homme de la régie tienne ouvert un parapluie pour que l’eau coulant du dais ne tombe pas sur l’altiste Amihai Grosz. Autre chef de pupitre du Philharmonique de Berlin, le violoniste Daishin Kashimoto prend le public en pitié et les choses en main: il fait signe à ses camarades de faire un demi-tour complet et de se tourner ainsi désormais face aux spectateurs qui se sont de nouveau réfugiés sous les arcades. Réjouissante interprétation, au vu des circonstances, avec le violoncelliste Zvi Plesser comme troisième homme.



Simon Corley

 

 

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