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Voyage au bout de l’enfer

München
Nationaltheater
07/21/2016 -  et 24* juillet 2016
Arrigo Boito: Mefistofele
René Pape (Mefistofele), Joseph Calleja (Faust), Kristine Opolais (Margherita), Heike Grötzinger (Marta), Andrea Borghini (Wagner), Karine Babajanyan (Elena), Rachael Wilson (Pantalis), Joshua Owen Mills (Nerèo)
Kinderchor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone (chef du chœur), Chor der Bayerischen Staatsoper, Sören Eckhoff (chef des chœurs), Bayerisches Staatsorchester, Omer Meir Wellber (direction)
Roland Schwab (mise en scène), Piero Vinciguerra (décors), Michael Bauer (lumières), Renée Listerdal (costumes), Lea Heutelbeck (vidéo)


(© Wilfried Hösl)


Dans le cadre du Festival d’Opéra de Munich, du 25 juin au 31 juillet, l’Opéra d’Etat de Bavière reprend sa production de Mefistofele d’octobre 2015, un ouvrage plutôt rare qu’il vient seulement d’inscrire à son répertoire. La mise en scène de Roland Schwab, plus intéressante que celle du Don Giovanni la veille, constitue une preuve supplémentaire que cette maison privilégie les expérimentations audacieuses ou originales aux lectures conventionnelles et littérales. Assister à un spectacle dans cette salle ne perturbe donc pas les repères d’un habitué de la Monnaie ou de l’Opéra des Flandres, pour citer deux institutions belges.


Le dispositif scénique consiste en une structure métallique de forme circulaire, sorte d’arche sous laquelle évoluent des individus louches sous la coupe de Méphistophélès – l’enfer, incontournable et omniprésent. Le spectateur a droit à de splendides effets visuels, surtout durant la Nuit de Walpurgis et l’épilogue, ainsi qu’à sa dose de Regietheater. Référence appuyée à la capitale de la Bavière, le premier acte montre ainsi une parodie de l’Oktoberfest, comme pour tendre un miroir vers la salle. Plus sordide, le quatrième acte se tient, lui, dans une maison de repos où travaille Elena comme infirmière en charge des pensionnaires dont Faust, évidemment, fatigué et défait ; Méphistophélès, lui, conserve une mise impeccable. Sommaire, voire banale, la direction d’acteur reste trop en surface de la psychologie des personnages, de sorte que le visuel et les (sages) tentatives de provocation l’emportent sur le théâtre et la signification du mythe, que le metteur en scène éclaire trop légèrement. Tenir un concept et disposer d’une logistique haut de gamme ne suffisent pas à garantir, si pas l’émotion, du moins le grand frisson, et à rendre un spectacle marquant et inoubliable.


Préparés conjointement par Stellario Fagone et Sören Eckhoff, les choristes, parfaitement ordonnés, relèvent le défi haut la main dans un ouvrage dans lequel ils endossent un rôle de premier plan, peut-être le principal. Capable de force comme de mesure, la direction d’Omer Meir Wellber à la tête d’un orchestre admirable de précision, de densité et de beauté sonore flatte l’écriture plutôt habile de Boito. La distribution se hisse à peu de choses près à la hauteur. Chanteur accompli à la voix impressionnante, René Pape incarne un Méphistophélès charismatique, hautain et sournois, en définitive plus spirituel qu’effrayant. Sans paraître en méforme, le baryton laisse toutefois trop entrapercevoir son potentiel. Le Faust de Joseph Calleja révèle des capacités d’acteur moindres mais le ténor met la salle dans sa poche grâce à une projection rayonnante, une voix mielleuse et un sens très sûr de la ligne. Kristine Opolais laisse d’abord craindre le pire, la voix paraissant malingre et détimbrée. Sa Marguerite gagne ensuite en conviction, la soprano assumant finalement sans difficulté majeure la redoutable tessiture du rôle. A une Elena honnête mais sans grande aura de Karine Babajanyan s’ajoutent la Marta aguicheuse de Heike Grötzinger et le Wagner effacé d’Andrea Borghini.



Sébastien Foucart

 

 

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