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Don Giovanni dans des containers

München
Nationaltheater
07/23/2016 -  et 25 juillet 2016
Wolfgang Amadeus Mozart: Don Giovanni, K. 527
Erwin Schrott (Don Giovanni), Ain Anger (Le Commandeur), Albina Shagimuratova (Donna Anna), Pavol Breslik (Don Ottavio), Dorothea Röschmann (Donna Elvira), Alex Esposito (Leporello), Eri Nakamura (Zerlina), Brandon Cedel (Masetto)
Chor der Bayerischen Staatsoper, Stellario Fagone (chef des chœurs), Bayerisches Staatsorchester, James Gaffigan (direction)
Stephan Kimmig (mise en scène), Katja Hass (décors), Reinhard Traub (lumières), Anja Rabes (costumes), Benjamin Krieg (vidéo)


(© Wilfried Hösl)


Du 25 juin au 31 juillet, le Festival d’opéra de Munich propose un opéra presque chaque jour. Le Munichois ou le visiteur de passage a l’embarras du choix. L’Opéra d’Etat de Bavière reprend quinze productions plus ou moins anciennes en un peu plus d’un mois et crée deux nouvelles mises en scène à cette occasion, La Juive par Calixto Bieito, sous la direction musicale de Bertrand de Billy, et Les Indes galantes par Sidi Larbi Cherkaoui, dirigées par Ivor Bolton. Feuilleter le programme du festival, c’est un peu comme parcourir le catalogue du savoir-faire de la maison. Où se rendre ailleurs dans le monde pour profiter d’une offre équivalente, aussi riche, diversifiée et concentrée ?


Cet opéra a la réputation de s’ouvrir à l’audace. Stephan Kimmig situe ainsi son Don Giovanni (1787) dans un entrepôt de conteneurs, un dispositif mobile qui permet de révéler différents intérieurs sur deux niveaux. Sa conception moderne du mythe prend par certains aspects le contrepied de la tradition, avec une Donna Anna et une Donna Elvira plus disgracieuses qu’à l’accoutumée. Plus décalée que provocatrice, sa mise en scène d’une subversion laborieuse illustre sans toute la force attendue l’inéluctable course à l’abîme du séducteur. Quelques idées interpellent mais l’effet qu’elles produisent tombe le plus souvent à plat : la fête du premier acte, sous un fond de banquise et de pingouins ou la scène de la chambre froide dans laquelle Don Giovanni et Leporello entendent la voix du Commandeur laisse sceptique. La vidéo de Benjamin Krieg n’apporte rien de décisif et n’éclaire que peu les intentions du metteur en scène. Le constat s’applique à la présence énigmatique d’un homme âgé tremblant ou effectuant d’étranges mouvements. En définitive, l’aspect scénique de cette production de 2009 présente trop peu d’intérêt, malgré sa cohérence visuelle.


Les chanteurs offrent heureusement de remarquables prestations : tous possèdent les ressources nécessaires et affirment une présence, bien que leur jeu théâtral demeure plus mémorable que leur prouesse vocale. Voix accrocheuse mais chant sommaire, Erwin Schrott incarne un Don Giovanni idiomatique, pas le plus stylé, ni le plus racé, mais d’une mâle assurance et séducteur en diable. Son complice, Leporello, porte les traits d’Alex Esposito, qui endosse son personnage sans se croire obligé de forcer le trait pour exploiter un talent évident pour la comédie. Même sur le plan vocal, le baryton se montre au point, livrant, par conséquent, la prestation la plus accomplie. Bien qu’il paraisse trop jeune pour convaincre entièrement dans ce rôle, Ain Anger compose adroitement son Commandeur, fort d’un chant profond et puissant.


Albina Shagimuratova ne livre pas en Donna Anna une incarnation extrêmement marquante, en dépit d’une voix généreuse et d’un souci manifeste des canons du chant mozartien. Conférant du caractère à Don Ottavio, Pavol Breslik compense une émission pas toujours nette par un phrasé élaboré et un timbre séduisant. Modelant la ligne avec puissance, capable aussi de nuance, Dorothea Röschmann impose une Donna Elvira dépourvue de charme et de sophistication, emmitouflée dans une tenue de randonneuse au début, conformément aux préceptes de la mise en scène qui la conçoit sans doute de la sorte. Petit bout de femme au caractère affirmé, Eri Nakamura tisse en Zerlina une ligne de chant ferme, valorisée par une voix agile et un timbre clair. En évitant de rendre son personnage trop brave et naïf, Brandon Cedel se montre, à tous points de vue, plutôt convaincant en Masetto.


Face à un orchestre discipliné et profus, James Gaffigan se montre peu soucieux de nuances et de subtilité, privilégiant une direction alerte et tranchante parfaitement en situation. Dans la fosse comme sur la scène, la finesse semble décidément absente du vocabulaire des interprètes.


Le site de l’Opéra d’Etat de Bavière



Sébastien Foucart

 

 

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